J’adore les films à Oscar. C’est comme se retrouver face à un homme sandwich sur les pancartes duquel seraient inscrits les mots ÉMOTIONS devant, et DÉSTOCKAGE derrière. Et ce bonhomme sandwich ne se contenterait pas de sautiller constamment sur votre champ de vision en agitant les bras pour graver son annonce dans votre esprit, ni de s’entourer de guirlandes clignotantes pour que vous ne le ratiez pas. Non, en plus il se filmerait et vous passerez des extraits plusieurs mois à l’avance pour attiser votre curiosité. En plus il vous vendrait des kleenex pour vous inciter de façon subliminale à avoir la petite larme au coin de l’œil.
J’adore, ça me fait bien rire cette solennité qui revient à créer un besoin pour fournir une demande qui n’existait pas.
C’est un peu ça le nouveau Zemeckis. On lui a rien demandé — si ce n’est à la limite pourquoi est ce qu’il nous a pondu Pôle Express ?— mais il nous sert à grand renfort de pompes à grosse semelles et de bande annonce trahissant un rythme pourtant absent de son film un film que tu vas l’aimer parce que Denzel fait une tête à récompense et que y a un navion qui est bourré et qui fait du dos crawlé.
Je suis désolé mais le dernier en date du papa de Back to the Future et Forest Gump (ça c’est un bon film à Oscar par ce que tu pleures mais c’est rigolo y a Bouba et lieutenant Dan qui fait caca au Vietnam) est un film lent et décevant.
Denzel campe avec le flegme (flemme ?) qui le caractérise un personnage antipathique, qu’on a pas envie de suivre tellement il est chiant et vide. Et c’est pas en imitant Gainsbourg que ça va s’arranger, hein (ouais on l’a reconnu, c’est pas bien de se foutre de la gueule des gens morts). Denzel, arrête d’accumuler les tics faciaux du genre je me passe la langue autour des dents parce que l’instant est grave ; on dirait que t’as un bout de salade coincé tout le film.
On a pas envie d’éprouver la moindre compassion pour ce personnage, ni pour aucun personnage d’ailleurs. Goodman irrite comme un morceau de pain rassi coincé dans un slip. Le pote du syndicat pourrait être joué par l’agent Smith, et l’avocat qui semble se rebeller un moment contre ce connard de Denzel finit par s’asseoir sur ses principes hypocrites comme tout le monde. La rousse n’a pour elle que le fait d’être rousse ; pourvu qu’elle soit douce.
Mais le plus insupportable c’est toute cette bondieuserie écoeurante en filigrane que Zemeckis nous sert en essayant de se donner l’air de ne pas y toucher. Il fait dans le subtil en balançant quelques images et termes de ci de là, mais faut pas me la faire ce coup ci ça marche pas. Et surtout pas quand on tombe hop là m’as tu vu sur des mots louant le seigneur dans les dernières images.
Plus qu’une envie de me défouler sur Flight, c’est l’envie de crier ma déception qui anime ce billet. J’étais pourtant près à décoller, surtout après cette introduction très prenante (le crash bien sûr) que l’expérience de Zemeckis —pilote de formation— aide à rendre aussi captivante que crédible malgré la nature extraordinaire des évènements.
À part ça son vol a du plomb dans l’aile; tu parles de déboires toi…