Jus d'oranges
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Des films de Philippe Le Guay on attend toujours le casting.
Dans Alceste à Bicyclette, si l'histoire n'était pas merveilleuse, on retenait bien sûr le face à face théâtral entre deux Grands du cinéma et théâtre français, Luchini et Wilson.
Mais ici, Le Guay tape dans l'intergénérationnel afin de donner vie à ses personnages.
Se confrontent donc Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain, l'un vieillard se sentant dépérir, l'autre fille tentant tout pour faire coïncider au mieux sa vie familiale, amoureuse et son travail avec les soins de son père.
Et quels acteurs !
Si Kiberlain est, comme toujours, d'une grâce touchante (sa facilité de jeu impressionne), c'est bien évidemment la partition de Rochefort que l'on retiendra.
Yeux bleus désarçonnant, pêche admirable, le papy donne ici une profondeur inespérée à son personnage, qu'on aurait craint trop fade, sans jamais délaisser la petite touche absurde qui convient, entouré de quelques bons seconds rôles (les deux aide-soignantes) et quelques moins bons (le fils de Kiberlain, son nouveau compagnon, pas toujours convaincants)
Mais si l'on connait un peu la maladie on ne peut qu'être gratifiant envers Le Guay dont le travail de recherche permet de dresser un portrait vrai, brut, sans fard, mais jamais tragique, de la maladie.
Appuyé sur le jeu de Rochefort, on retrouve avec justesse tous les symptômes et détails malheureux qui font d'un être un malade.
La platitude globale de la caméra s'oublie vite tant le charme de l'humour léger et jamais surabondant nous emporte (cela reste un drame, mais comme la vie, toujours un peu drôle) et tant, dans son intelligence, celle-ci prend le pari de nous perdre, comme son personnage principal, dans des délires de malade : on se retrouve dans une chambre inconnue, on est baladé des Etats-Unis à la maison de retraite, et ce grâce à quelques astuces de mise en scène appréciables.
Floride touche. C'est évident, même si l'on sent que ça brode un peu et que quelques scènes inutilement longues s'accumulent (le film aurait peut-être gagné à être raccourci).
Mais il est l'un des seuls films sans pathos hollywoodien et faux sentimentalisme mielleux à traiter de la maladie d’Alzheimer sans la nommer. Et cela mérite d'être souligné.
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Créée
le 28 août 2015
Critique lue 303 fois
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