Après Assaut et La Nuit des Masques, ce dernier le faisant entrer discrètement dans le cinéma d'horreur grâce à un succès critique élogieux, John Carpenter se voit désormais doté pour son prochain film d'un budget d'un bon million de dollars tout rond. C'est beaucoup pour le jeune réalisateur (31 ans) mais c'est relativement peu pour faire un bon film à effets spéciaux. Passés outre les problèmes de production (les effets du brouillard n'étaient pas concluant, le montage et la musique non plus), Fog sort en 1980 après avoir remporté le prix de la critique lors du Festival d'Avoriaz.
Le film est donc interprété par sa femme de l'époque Adrienne Barbeau, rencontrée sur le tournage de son téléfilm Meurtre au 43e étage, qui campe une animatrice de radio battante et perspicace, Tom Atkins (qui collaborera de nouveau avec Carpenter sur New York 1997) dont c'est le premier grand rôle au cinéma ainsi que la grande Janet Leigh et sa propre fille Jamie Lee Curtis, que le réalisateur venait de rendre célèbre grâce à Halloween. Cette dernière possède d'ailleurs un rôle quasi-inutile ; on ne comprendra donc aisément sa présence au générique que par souci de copinage...
Inspiré des vieilles légendes lovecraftiennes, Carpenter livre ici un film fantastique du plus bel effet, alternant entre terreur mystifiée et horreur pure, notamment dans la dernière partie du métrage en huis-clos. Les meurtres perpétrés par les fantômes sont bien entendu désuets aujourd'hui, la plupart étant d'ailleurs masqués par le brouillard ou filmés en gros plans, mais il faut admettre que de bons moments de suspense sont menés à la perfection et ce, jusqu'au dénouement final. Un film mineur en soi mais une œuvre majeure dans la filmographie de Carpenter, l'amenant de plus en plus à la notoriété qui lui est due.