Cap sur Antonio Bay alors que la population s’apprête à célébrer le 100ème anniversaire de l’implantation des premiers colons, mais pas seulement… car c’est aussi la date d’un tragique événement intervenu en amont, lorsqu'un équipage de marins a trouvé la mort en confondant la lumière du phare à celui d’un leurre, échouant le navire contre les rochers. Mais ce que les habitants ignorent encore, c’est que les richesses de la ville proviennent de ce même naufrage orchestré par leurs pères fondateurs qui étaient en réalité des écumeurs. Et lorsque le clocher de l’église sonnera officiellement minuit, rien ne pourra plus empêcher les fantômes du capitaine Blake de revenir se venger des conspirateurs et de réclamer leur dû. Le film commence comme l’un de ces EC comics dont John Carpenter raffolait tant lorsqu’il été enfant. Ce genre de conte que l’on se raconte pour s'effrayer au coin d'un feu de camps. Ici c’est un vieux loup de mer qui nous la prodigue afin de nous faire mordre à l’hameçon. À l’origine de cette histoire, il y a une visite touristique qu’avait effectué le cinéaste avec son ex-compagne et coscénariste Debra Hill en Angleterre sur le site de Stonehenge où la vision d’une brume occulte l’avait cueilli d’effroi. Et puis il y a bien évidemment sa fascination pour H.P Lovecraft et Edgar Allan Poe (le film s’ouvre d’ailleurs sur l’une de ses citations) même si l’idée d’une chimère tapie dans le brouillard lui vient d’un classique de la science-fiction intitulé The Trollenberg Terror.
Finalement, c’est le réalisateur lui-même qui viendra amorcer cette histoire de revenants en soufflant sur les cierges d’une église dans laquelle réside l’origine de cette malédiction ancestrale. Libre au spectateur d’y prendre part à la lueur de ce brouillard phosphorescent ou bien de la rejeter comme bon nombre sous prétexte de son classicisme ou de son rythme latent qui ne trahit pourtant jamais cette idée de diffusion du mal. En effet, Fog constitue et de loin l’une de ses œuvres phare, puisqu’elle délivre de manière plus abstraite l’essence de ses thématiques. On pourrait s’amuser à énumérer toutes les similitudes comme la contamination de cette épaisse fumée blanche dans le cadre qui s’insinue dans les maisons en s’infiltrant dans les interstices. Une séquence fait notamment écho à Halloween, celle où Andy se réfugie dans un placard comme le faisait Laurie Strode dans cette penderie que Myers finissait par ouvrir avec perte et fracas. Et puis il y a cette idée de tueurs sans visage qui exécutent leurs victime à l’arme blanche mais aussi leur démarche lente et insidieuse qui se manifeste avant tout par un bruit effrayant, lorsqu’ils se mettent à toquer aux portes avant de se dissiper comme une ombre spectrale puis de réapparaître soudainement dans le champ quand vous avez le dos tourné pour vous emporter.
En parallèle de ces événements surnaturels et de ces meurtres qui vont venir frapper la communauté, John Carpenter est parvenu a insuffler une atmosphère mortifère par des effets visuels et sonores ainsi que par une partition composé par ses soins qui tend à accentuer ce sentiment oppressant, comme ci un sort funeste s’abattait sur ses habitants qui resteront impuissants tant que les esprits ne seront pas rassasiés. L’angoisse montera ainsi progressivement, envahissant le cadre et l’environnement jusqu’aux cimes de la ville, isolant chacun de ses protagonistes. Cela dit, et contrairement aux idées reçus, le film ne nous ménage d’aucun jump scare même si les différents surgissement des revenants resteront d’ordre furtive, afin de privilégier la forme aux effets gore. Enfin, comment ne pas évoquer la dimension politique de l’oeuvre qui dans son second niveau de lecture est en réalité une métaphore de l’implantation violente et sauvage des Etats-Unis. L’église et sa ville se sont en effet bâtit sur cet or maudit qui porte les stigmates de cet équipage de lépreux. Que cet objet de culte prenne finalement la forme d’une croix est d’autant plus explicite sur l’influence de la religion dans le pays, surtout lorsque celui-ci fini par éblouir l’ensemble du caste par sa lumière divine. Et puis cette brume occulte de laquelle émerge des ombres meurtrières, et aussi celle dans laquelle les ancêtres se sont occulté, préférant imprimer la légende que la vérité qui pourrait ébranler le mur porteur de tout l’édifice.
Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.