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« And that's when I started shadowing. » BILL

En 1998, Christopher Nolan écrit, réalise, photographie et monte son premier long-métrage (le cinéaste débutant a déjà fait quelques courts-métrages) avec un budget très modeste de 3.000£. La plupart des acteurs et de l'équipe technique sont des amis du réalisateur, on peut y noter sa femme Emma Thomas en tant que productrice ou son oncle John Nolan en tant qu’acteur dans le rôle d’un policier.

Le tournage de Following se déroule à Londres sur plusieurs week-ends au cours d'une année à raison de quinze minutes chaque samedi. La plupart des acteurs et des membres de l'équipe technique ayant par ailleurs un emploi pendant la semaine. Pour économiser la pellicule, chaque scène est préalablement répétée de façon intensive, afin de ne faire qu'une ou deux prises pour le montage final.

Le peu de budget oblige Christopher Nolan a tourné en noir et blanc. Une obligation budgétaire qui rend le film plus intimiste et qui nous rapproche des personnages principaux.

La musique est composé par David Julyan, lui aussi un ami du réalisateur qui deviendra récurrent dans sa filmographie. Elle est sobre, quelques fois grinçante et surtout gratuite.

Le film raconte l'histoire d'un jeune romancier en panne d'inspiration qui, pour pallier son manque d'imagination, suit des inconnus, choisis au hasard, dans les rues de Londres. Ne parvenant pas à garder ses distances, il est progressivement aspiré dans un milieu criminel.

Dans Following, on retrouve déjà tous les thèmes qui seront récurrents dans la filmographie de Christopher Nolan. Le héros imparfait, la femme fatal, le mensonge, la vision faussé des éléments et surtout la narration non linéaire (le cas qui nous intéresse ici).

Le but est simple : le scénario et donc le film racontent une histoire qui ne suit nullement l’ordre établi par le temps. Ainsi, vous vous retrouverez avec une séquence qui se passe avant celle qui la précède dans le montage. Un procédé assez tortueux et risqué auquel le spectateur n’est pas spécialement habitué, pouvant lui faire peur et se désintéresser du long-métrage. Un danger que courait principalement ce film, surtout avec une histoire aussi peu accrocheuse et des personnages mis de côté au profit de l’histoire elle-même.

Alex Haw incarne Cobb, tandis que Jeremy Theobald (également producteur du film), qui a déjà tourné pour Christopher Nolan dans ses courts-métrages, incarne Bill.

Au début du film, le résultat donné n’en est que plus frustrant : un enchaînement de scènettes à première vue sans aucun lien qui se terminent brutalement par un fondu en noir. Mais le fait d’utiliser une telle narration va permettre à Christopher Nolan de complexifier une histoire pourtant simple sur le papier, de se jouer aussi bien de son personnage principal que du spectateur, comme il l’avait fait pour un de ses court-métrage.

Following se présente donc comme un thriller à la trame labyrinthique qui pousse le spectateur à rassembler les morceaux d’un même puzzle pour lui permettre de reconstituer l’histoire dans sa tête, jusqu’au moindre détail, et d’être impressionné par une révélation finale, un twist qu’il n’aura pas su voir venir malgré un synopsis basique. Ce film en quelque sorte interactif, Nolan le raconte certes à sa manière, mais ne laisse jamais le spectateur sur le banc de touche en lui fournissant des plans d’insert, des images subliminales qui permettent d’indiquer l’importance de celle-ci à l’histoire (gros plans sur un objet, séquence qui s’attarde sur le regard d’un personnage, etc…). Un effet de mise en scène classique qui permet néanmoins de titiller la curiosité du spectateur vis-à-vis de l’histoire et d’essayer de la construire lui-même avant que celle-ci ne lui soit révélée. Et comme vous vous laisserez emporter par la trame et les indices disséminés par Nolan, vous vous ferez prendre au jeu comme le personnage principal.

Bien que Following préfère s’attarder sur son enquête et non sur l’histoire des personnages qui ne servent de pions qu’au déroulement du script, Christopher Nolan livre une première œuvre tout simplement bluffante de maîtrise, tout en imposant son style scénaristique. Un coup d’essai réussi pour celui qui vient de mettre dans son premier film tout ce qui fera la moelle de sa filmographie.

StevenBen
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le 11 juil. 2023

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Steven Benard

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