Salut Laurentiu !

[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]

Je suis allé voir Football Infini parce que je trouvais l'idée proposée par Laurentiu Ginghina très intéressante : repenser les règles du football. Pas seulement les changer, mais y réfléchir sérieusement, et je me disais : c'est une question beaucoup moins farfelue qu'il n'y paraît, et éminemment politique, puisqu'elle nécessite de mettre au clair les objectifs que l'on poursuit. Changer les règles, dans quel but ? Plus de spectacle ? Plus de buts, plus de passes ? Moins de risques de blessures pour les joueur-se-s ? Aujourd'hui, lorsque les règles changent, l'objectif est économique : donner plus de place aux annonceurs, satisfaire le public consommateur, vendre des publicités. Il serait bon, me suis-je dit en regardant la bande-annonce, de faire des règles du jeu (du football comme des autres sport) un enjeu, un débat possible - cela rendrait le sport plus intéressant.

Malheureusement, la question n'est traitée que de manière très superficielle. D'ailleurs j'ai eu l'impression qu'il était question de football aussi longtemps dans le film que dans la bande-annonce ! Les règles que prône Ginghina sont peu argumentées, il semble poursuivre des obsessions personnelles mais son projet est un peu léger, un peu vain (bien que de fait plutôt touchant). Ses interlocuteurs lui renvoient cette fragilité, et il ne sait pas quoi répondre : l'un lui apprend que ce qu'il a « inventé » est un exercice bien connu, l'autre (le réalisateur, Corneliu Porumboiu) ne croit tout simplement pas à l'intérêt de ce qu'il avance.

Le reste du temps, Ginghina est filmé dans son quotidien, en quelques séquences qui m'ont lassé du fait de l'absence de coupes, me donnant l'impression de rencontrer quelqu'un qui me racontait sa vie. Je comprends que le propos du film n'était pas le football, mais de montrer le quotidien de cet homme, de parler à travers lui de la Roumanie pour l'administration de laquelle il travaille, et de l'Europe, son rêve de partager ses règles avec la FIFA faisant écho à l'espoir que cette nation peu visible peut placer dans l'Europe. Je n'ai cependant vu dans Football Infini que ce cas particulier, vraiment peu de matériau à me mettre sous la dent, peu de contenu. C'est ce que j'attends d'un documentaire, je veux recevoir après 1h10 de film plus que ce que m'aurait apporté 1h10 de rencontre un peu timide au coin d'un bar, que ce soit parce que ce que ce Laurentiu a à dire de plus intéressant est condensé par le montage, ou parce que plusieurs témoignages, ainsi que celui du réalisateur à travers les images qu'il choisit, se rencontrent. Non, vraiment, je n'ai vu que cette rencontre un peu timide au coin d'un bar...