Stephen Chow continue à s'enfoncer dans le jeu poussif et hystérique qui caractérisait déjà Gods of cookery dans cette parodie du Wu Xia Pian fantastique qui fait penser à du Chu Yuan (spécialiste des intrigues à tiroir) en mode WTF (le seul qui le dépasse à ma connaissance, c'est The Eagle Shooting Heroes, pour dire le niveau). Ainsi, contrairement à ses autres réalisations, difficile de s'attacher à son personnage (comme tous les autres, à part quelques rares séquences qui se retrouvent noyées dans le tas) et les gags tombent souvent à plat par un péché d'excès, nous faisant presque regretter qu'il sorte apparemment de ses rails habituels (l'arc narratif est sensiblement différent) en poussant à fond la comédie au détriment du fond (à signaler qu'il a changé de co-réalisateur pour l'unique fois de sa carrière jusqu'à Shaolin Soccer, ce qui explique peut-être ce petit virage dans le dosage).
Malgré tout, on retrouve sa patte à travers cet agent spécial du gouvernement (parodie à peine cachée de James Bond), inventeur à la façon de Léonard de Vinci à défaut de se faire remarquer par les arts-martiaux, qui va ainsi se retrouver pauvre (deux thèmes récurrents chez lui). C'est d'ailleurs l'aspect que je retiens de ce métrage trop bouffon pour que j'y accroche outre mesure, reflet incarné de son génie créatif du rire par des inventions parfois mises en scène de façon vraiment comique (l'homme-hélicoptère et le pistolet avant-gardiste en tête). Et par instants le côté exubérant de l'intrigue a un certain charme et finit par nous arracher quelques sincères sourires, voire quelques barres de rire, en prenant à rebrousse-poils les codes du genre.
Mais la véritable originalité réside dans sa finalité que je vous laisse découvrir qui m'a vraiment surpris, tout à fait jouissive (j'avais vraiment du mal à comprendre le lien entre les deux parties du film, mais tout s'éclaire après, une manière post-moderne d'aborder le genre).
Bref, après un début difficile et un rythme forcé, pour les plus patients demeurent quelques pépites (difficile de garder son sérieux devant certaines scènes remplies d'auto-dérision, surtout lorsqu'on connaît bien le genre). Mais même si on se rend compte que Stephen Chow ne s'est pas complètement perdu en route (en premier lieu par des thèmes récurrents et une propension à faire rire des genres populaires de son pays), je le préfère plus sobre, quand il parvient à instaurer un meilleur équilibre entre comédie WTF et scènes intimistes (quoique la courte séquence de flirt musclé entre Chow et sa femme mérite le détour).
Donc à réserver pour les plus aguerris de l'humour gol HK, aux fans de Stephen Chow, et aux complétistes de sa filmographie.