City coprend rien c'est pas grave...
L'humour Hongkongais dont Stephen Chow en est la plus belle cristallisation est difficilement explicable clairement, comme une quintessence de l'absurde dans toute sa splendeur, comme si le comique franchouillard n'était qu'une base de travail dépassée pour atteindre de nouvelles frontières subtiles et inconnues de l'occident, pour imager...
Forbidden city cop est une simili suite Bondienne de "From Beijin with Love" qui reprend le personnage d'agent secret loser tenu par l'irrésistible Stephen Chow, cette fois-ci au service de l'empereur en pleine Cité interdite. Co-réalisé pour la première fois par Stephen chow himself et son compère d'écriture Vincent Kok Tak Chiu, on note beaucoup moins de comique bas du slip ici, moins de jeux de mots locaux aussi, mais plus de folie visuelle inspirée et détournée du wu xia pian et du kung fu fantastique dont Chow est un grand friand. Il appuie aussi cette fois-ci sur la romance plus grand public par le couple qu'il forme avec Carina Lau qui devient ici un personnage important aux yeux du héros à l'image de ses futurs King of comedy et Shaolin soccer.
Forbidden city cop est bien entendu un joyeux bordel comme on en fait plus mais aussi une certaine apogée du n'importe quoi façon Stephen Chow (nb : il m'en manque encore...). Ici, on n'hésite pas à bien regarder la caméra pour interpeler le spectateur, voir carrément garder la prise alors qu'elle contient un vrai fou-rire. Le résultat hautement énergisant est très drôle le plus souvent mais aussi très bordélique et un peu trop interprété à la légère à d'autres moments, il faut bien l'avouer. Remarquez, comparé à d'autres réalisateurs, Stephen Chow c'est tout de suite la classe au dessus... La contrepartie de cette espièglerie pas toujours tenue, en particulier dans les scènes romantiques ou Chow et Carina Lau sont totalement en roue libre, est un Stephen Chow au sommet le plus appuyé de son style. Tout y est, mélangé à l'extrême.
Cette histoire abracadabrante d'un policier de la Cité Interdite inventeur de concepts farfelus qui s'en va prouver son amour et sa valeur offre une vague Chowesque très pure et très peu de temps morts comiques. On y retrouve aussi le duo de Miracle Fighters interprété par les deux frères Yuen Cheung Yan et Yuen Shun Yi (les frères de Yuen Woo Ping) en papy et mamie mixés avec l'androgyne à deux faces lui aussi bien connu du fantastique local. L'hélicoptère manuel et la grille touché-coulé pour mieux se gratter le dos à deux ne sont que deux petits exemples de quelques secondes sur l'intégralité des idées farfelues.
Impossible pourtant de ne pas remarquer le poil de laisser aller qui traîne lors du tournage. ça devait sacrément se marrer sur le plateau ce qui finit par nettement différencier Forbidden city cop d'un God of cookery ou d'un Love on delivery peut-être plus professionnels, mais aussi plus gras. Les quelques chorégraphies de Tony Poon ne sont pas trop mauvaises étonnamment pour un Mo Lei To (frères Yuen obligent), les guerriers présentés sont tous aussi dingues les uns que les autres, il y a une bonne ambiance de folie fantastique et ça aussi, ça fait plaisir. L'amateur comme le curieux peut donc foncer en toute quiétude.