Forces spéciales par cloneweb
Sur le papier, Forces Spéciales a tout pour plaire aux amateurs de films impliquant une bande de militaires en missions. Un pitch classique mais sans doute efficace, le soutien de l'armée française pour apporter de la logistique et aux commandes un grand reporter spécialiste de sujet. Vers quoi le film allait-il alors lorgner ? Plutôt vers Navy Seals ou carrément vers la première partie de l'immense Predator ?
Forces Spéciales, en réalité, ne lorgne vers pas grand chose.
Dès la scène d'intro et sa grosse musique tapageuse masquant les bruits extérieurs, on sait que quelque chose ne va pas. L'armée française a manifestement ouvert ses portes en grand à Stéphane Rybojad : matériel militaire ultra high-tech, nombreux hélicoptères dont certains ont manifestement servi pour filmer. On a même droit à une apparition du fameux porte-avions Charles de Gaulle pour bien évoquer la toute puissance de l'armée française. Malheureusement, ça ne suffit pas à faire un film.
Forces Spéciales commence donc dans la facilité avec une histoire simple pour s'enliser dedans. Le personnage de Diane Kruger, enlevé par les Talibans, est en effet bien vite sauvé. Malheureusement pour eux, ces supers militaires surentrainés, ces presque surhommes qui protègent notre beau pays vont perdre tous moyens de communication : radio, émetteurs, téléphones éventuels. Tout. Et ils se retrouveront comme des cons au milieu de rien.
Et c'est à partir de là, que le film, déjà pas bien glorieux, va s'enfoncer dans le n'importe quoi, à commencer par la mise en scène et le montage. Rybojad enchaine les plans de quelques secondes seulement, et bricole entre caméra portée et grands plans larges, entre effets clipesques et zooms sortant de reportages télé. Et quand le réalisateur trouve une idée, il la multiplie, à commencer par le fondu au noir, surexploité sur tout le dernier tiers du film. On ne parlera pas du montage incohérent et contenant des scènes sorties de n'importe où (comme par exemple Tcheky Karyo, amiral cherchant ses troupes, qui se réveille en sursaut sur son bateau au milieu de la nuit pour ... strictement rien).
Les scènes d'actions censées sauver le spectateur de l'ennui n'ont pas non plus de sens. Tactiquement à l'ouest, on ne voit que très rarement l'attaquant face à son ennemi. Le réalisateur préfère faire tirer ses militaires face caméra pour ensuite montrer des hommes en djellabas s'effondrer. Ponctués par quelques ralentis pour montrer des Talibans sauter des barrières, on a parfois plus l'impression d'être devant le sketch des Nuls Royal Rabbin qu'autre chose.
Peut-être alors pourrait-on se raccrocher au jeu des acteurs ? On pourrait peut-être effectivement, sans doute du coté de Diane Kruger qui fait son boulot. Ou alors sur le cameo de Morjana Alaoui, toujours sympathique. Mais tous ces pauvres comédiens sont largement desservis par d'insipides dialogues qui même au second ou au troisième degré ne sont ni bien écrits ni même drôles. De fait, dans leur long périple à travers les montagnes, ils vont traverser suffisamment d'embuches pour mourir les uns après les autres. De l'autre coté de l'écran, le spectateur n'en aura strictement rien à secouer. Au pire, il se contentera d'un rire nerveux quand arriveront les dernières et rocambolesques péripéties (le dernier soldat en état de marche se brisant une jambe dans un éboulement sorti de n'importe où, pour qu'il ne reste vraiment plus personne.
Vous l'aurez compris : il n'y a strictement rien à sauver de Forces Spéciales. Le film est vraiment trop mal écrit, mal monté, avec d'insipides dialogues pour qu'on n'y trouve pas une once d'intérêt. Peut-être que les fans de l'Armée de Terre y trouveront des passages intéressants mais on ne peut même pas penser que le film est une publicité destinée à favoriser des vocations quand on voit comment sont les personnages et comment ils terminent.