Les fleuves et les femmes se livrent à des débordements. Les premiers en sortant du lit, les secondes en y entrant... Un film marqué qu fer rouge...
.
Certes, une réinterprétation du film l'américain Forfaiture (The Cheat), tourné par Cecil B. DeMille en 1915, mais avec quel talent, quel métier !
Souvent, les films du genre "Cinéma de Minuit" sont ennuyeux, puérils mais parfois on est stupéfait du talent avant-gardiste de son créateur... Ici, il faut vraiment savoir que ce film date de 1937 car il est incroyablement avant-gardiste ! La scène du pont qui s'écroule a dû être un grand moment de cinéma car à cette époque, si on avait un goût prononcé pour l'exotisme asiatique, les effets spéciaux et trucages actuels rendus possibles par le numérique, n'existaient pas ! L'histoire adapté d'un roman d'Hector Turnbull. est basique mais aurait pu s'appeler les "jeux de l'amour et du hasard".... L'amour de deux êtres peut-il résister à tout ?
Coup d’œil dans le rétro :
La femme d'un Ingénieur de travaux publics construisant un pont en Mongolie, sa femme va le rejoindre lorsqu'elle fait en cours de route semée d'embûches, la connaissance d'un prince ayant pour conseil un autre français, véreux et arriviste lui (Louis Jouvet, bien sûr) ...
La femme, Denise Moret (merveilleuse Lise Delamare) ayant immédiatement envoûté le prince Lee-Lang et perdu un gant dans sa voiture, il n'a alors de cesse de la posséder et met tout en œuvre pour arriver à ses fins, même saboter le chantier de son mari... Or titillée par le démon du jeu, Denise va piquer dans la caisse d'une association caritative pour rembourser une énorme dette de jeu et le prince lui en offrir le remboursement sous condition de lui appartenir...
Mais amoureuse de son mari, celle-ci se refuse à l'asiatique qui vengeur, la marque au fer rouge... Et la scène étant violente, elle tue le prince qui tente de la violer avec le propre revolver que celui-ci détenait. Elle s'enfuit mais un peu plus tard, le mari venu demander des comptes à Lee-Lang le trouve mort et ramasse par hasard le revolver... Fâcheux réflexe (un peu éculé à la longue) : il va être accusé d'avoir commis le meurtre.... Comment tout ceci va-t-il se terminer. ?..
L'intrigue se tient... D'ailleurs, Lherbier (1888-1979) excellait dans ce genre de sujet polar et avait du reste fait en 1930/31 un film à épisodes qui avait ameuté les foules au cinéma : "Le mystère de la chambre jaune", et "Le Parfum de la dame en noir"...
Pionnier en tous genres, il a créé l'IDHEC (1, mais a aussi un des premiers à avoir cru en la télévision et œuvré pour elle...
Il a réalisé au cours de sa carrière de 1919 à 1953 cinquante et un films dont quinze en "muet" et rien qu'en 1937 en sortait trois autres à l'affilée de celui-ci... Il est vrai qu'à l'époque il n'y avait pas des équipes de tournage disséminées dans d'autres pays comme de nos jours...
Même si l'illusion est parfaite, les acteurs n'auront vue de l'Asie que les Saintes-Marie-de-la-mer...Qu'importe le parfum pourvu qu'on ait l'ivresse.
Le casting est parfait, comme Louis Jouvet... mais on remarque aussi cette "gueule de cinéma que fut Sessue Hayakawa (1889-1973) qui tint le même rôle dans les deux films "Forfaiture" et dont la vie à elle seul fut une longue aventure, mais erratique : il aimait trop l'opium, les casinos avant de retrouver la sérénité et finir ses jours au Japon dans un monastère bouddhiste...
1) Institut des hautes études cinématographiques ,aujourd'hui : "la Fémis".
.
France 3 le 20.01.2006- 22.03.2024-