Fort Yuma
5.2
Fort Yuma

Film de Lesley Selander (1955)

Western de série B trop plein de clichés sur l'amitié entre les races et sur les guerres indiennes

Pourquoi aime-t-on découvrir des vielles série B périmées depuis longtemps  ? Addiction au genre ? Obsession de collectionneur ? C'est que le besoin ou le plaisir de revoir "le même", avec une variation discrète par rapport au déjà connu ou à la norme d'un genre, est d'un interêt psychologique plus commun qu'on ne le pense. Certaines Serie B sont des chefs d'oeuvre, certaines des petites perles étonnantes, et beaucoup ne valent pas le coup, de quelque manière qu'on les considère.

Mais aussi, chez un grand nombre qui sont globalement médiocres, on trouve une originalité dans un ensemble de clichés, ou une idée forte de mise en scène dans une intrigue mal menée. Dans ce Fort Yuma soporifique, ce qui était d'abord attractif était son Technicolor flamboyant, celui des années 50. Et dans ce qui nous endort tout du long, il y a la prétendue tension entre le lieutenant (joué par Peter Graves) et son éclaireur apache (joué par John Hudson), une animosité due à la liaison du blanc avec la soeur de l'indien, jouée par Joan Taylor.

Avec un air de chien battu, l'apache arrive quant à lui à fasciner une missionnaire blanche à la fois innocente et très sexy, jouée par Joan Vohs, ce qui amène à des discussions entre eux deux sur l'identité et la trahison de leur peuple d'origine respectif, ou sur l'amitié entre soldats : des échanges emphatiques très peu crédibles. Le militaire indien, qui semble l'être le plus déprimé de la cavalerie yankee et de toutes les tribus d'Amérique, et la missionnaire finiront quand même par convoler ensemble tandis que de son côté s'éloigne le blanc dans le lointain, qui se repent enfin de sa haine envers les apaches, après, hélas, que son amoureuse indienne ait été tuée.

Hors cette intrigue sentimentale qui valorise la mixité des peuples mais qui n'échappe pas au ridicule, il y a une référence historique comme contexte de l'intrigue : l'assassinat, en scène d'ouverture, du grand chef apache de la tribu des mimbrenos Mangas Colorado (dit encore Coloradas) venu signer la paix au fort.

C'est mensonger comparé  à ce que fut la réalité : ici, c'est un colon qui l'assassine malgré l'armée, alors que, en vrai, celle-ci avait prémédité et commandité de trahir ce chef et de l'exécuter (elle le fit, illégalement, après l'avoir torturé).

Dans le film, son fils Mangas (qui fut dans la réalité le troisième enfant de Mangas Colorado) monte alors des coups de main. Cette guérilla est mal filmée et répétitive, naïve comme dans une bande dessinée enfantine, mais nous nous interrogeons : pourquoi les indiens volent ils à chaque fois les vêtements des soldats morts ? On comprend à la fin que c'est pour nous préparer au climax du film, lequel sera à peu près réussi.

Après une attaque du fort par des indiens déguisés en tuniques bleues, qui est déjouée, les deux troupes de cavaliers vêtus du même uniforme s'affrontent en terrain découvert  : elles réveillent alors notre interêt à cause de la confusion de la bataille qui est ici voulue par la narration (car les combattants sont indifférenciés les uns pour les autres), et ce sera en fin de compte le seul éclat dans ce petit film atone.

(Note de 2022 publiée en février 2025)

Michael-Faure
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