Waw. "Antz" est un film qui sort des sentiers battus. Il est franchement regrettable que Pixar ait emporté l'adhésion car au final la compagnie n'aura jamais fait que nous entraîner dans un formatage agaçant de bons sentiments ; c'est vrai que les créateurs de cette boîte ont offert du bon divertissement, mais ils ont très vite tourné en rond, d'autant plus que leurs messages sont finalement traités assez superficiellement. C'est donc bien dommage que des dessins animés comme "Antz" ou encore "Tale of the Despereaux" n'influencent pas la production actuelle : ces films marchent moins d'un point de vue commercial, c'est souvent moins bon enfant dans le ton, mais quelle audace !

Bon crachons le net, "Antz" est moche. L'équipe n'a pas eu assez de budget pour étoffer le graphisme et puis rappelons que nous sommes en 1998, aux débuts de ce cinéma de genre. N'empêche que, même si les personnages sont hideux, je préfère l'ambiance terne à la multicolorité de "Bug's Life". Et puis le manque de budget n'empêche pas les deux réalisateurs de se montrer couillus en terme d'action. Ainsi, une des plus belles scènes : on y voit les fourmis accrochées à des chaussures.

Si le visuel est plus pauvre d'un point de vue détail, le scénario est quant à lui à l'oppposé de "Bug's life". Dans ce dernier, Pixar privilégie les gags, la bonne humeur, le petit message facile, et met ainsi de côté les personnages. En plus les créateurs commettent l'erreur de vouloir exploiter des tas d'insectes différents, ce qui fait qu'aucun n'est vraiment approfondi. Dans "Antz", le bestiaire est nettement plus modeste, mais cela permet aux auteurs d'approfondir leur sujet ; de même les personnages sont nettement plus mis en avant, peut-être grâce aux remaniements Alleniens. L'histoire est solide, on a de vraies bonnes péripéties et de bonnes résolutions le tout étant parfaitement rythmé.

Enfin, la portée philosophique est nettement plus poussée que dans "Bug's life". les auteurs ne se contentent pas de dire qu'il n'y a que l'individualisme qui est bien, au contraire, ils n'hésitent pas à pointer du doigt les dérives d'un tel comportement et ainsi à recommander un entre deux nuancé. On peut aussi saluer bien bas le ton très sombre du film malgré l'aspect comique. Ainsi, le soldat que l'on retrouve décapité, cela fait rire, mais au final c'est incroyablement morbide. Il y a pas mal de morts d'ailleurs dans ce film, ce qui peut s'avérer choquant si on a oublié que Disney, à la base, est bien plus sombre que ce que les récentes productions veulent laisser croire.

Bref, "Antz" est un très grand film : le sujet est réfléchi, et approfondi, et ce peu importe qu'on y adhère ou pas. Les personnages sont également creusés sans que ça se fasse au détriment d'une histoire fun et glauque à la fois. Un produit très étrange donc, remplis de contradictions, et dont on ne sait pas quel est l'âge du public visé. Dommage qu'après ça, le duo ira s'encanailler dans la saga des Madagascars qui lorgnent davantage sur le succès des autres productions Dreamworks (Schrek) ou de Pixar que ce petit bijou. Ce film est aussi l'occasion de me prouver que je peux tolérer une animation numérique dégueux tant que l'histoire est solide, et ça, c'est rassurant (je sais maintenant que je ne suis pas plus sévère avec certains dessins animés juste à cause du visuel, mais bien à cause de l'histoire).
Fatpooper
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le 4 oct. 2013

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