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Premier long-métrage du département animation de DreamWorks, Antz avait la lourde tâche de se poser en unique concurrent de Disney et de Pixar sur le terrain de l'animation générée par ordinateur...
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le 25 avr. 2016
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Tout premier long-métrage de Dreamworks sorti en 1998, ce film nous plonge, comme son nom l’indique si bien, dans le monde des insectes, et plus particulièrement des fourmis. Ce thème principal le place donc directement en concurrence avec le studio Pixar et son film 1001 Pattes, sorti la même année (et que j’adore aussi, en passant). Les deux films marchent bien au box-office mondial (bon, surtout pour 1001 Pattes, il faut avouer), mais les studios abordent cette histoire de deux façons différentes. Alors que Pixar se concentre avant tout sur ses personnages, la créativité de son univers et l’humour, Dreamworks se différencie complètement des studios d’animation traditionnels (Disney !) en nous proposant un film à portée plus sombre et adulte, avec un casting 3 étoiles.
Dans une fourmilière divisée en deux classes, les soldats d’un côté et les ouvriers de l’autre, on suit le personnage de Z, une fourmi dépressive appartenant à la classe ouvrière, qui a du mal à trouver sa place dans la colonie, et qui au passage cherche l’amour. Mais un soir, durant un passage au bar de la colonie, il fait la rencontre de la Princesse Bala (sortie pour pimenter un peu sa vie monotone). Ils mettent le feu au dance floor, avec une chorégraphie digne de John Travolta dans Pulp Fiction (c’est peu dire puisque cette scène s’inspire officiellement du twist de Mia et Vincent !), et déclenchent une bataille de fourmis bourrées ! Cette rencontre intempestive aura eu le mérite de redonner goût à la vie de notre banal héros Z qui tombe éperdument amoureux de la princesse et n’a alors plus qu’un seul désir : la voir à nouveau ! Il échafaude un plan avec son ami d’enfance Weaver, une fourmi soldat : échanger leurs places pour que Z puisse participer à la revue des troupes par la reine et la princesse, en espérant que cette dernière le reconnaisse. Malheureusement pour lui, c’est un échec, et il se retrouve embarqué dans une guerre contre les termites, dont il sera le seul à miraculeusement en ressortir. Il revient à la colonie en héros, et réussit à obtenir une rencontre avec la reine et la princesse. Suite à une succession de malentendus, son plan d’échange de place est mis à jour, et il se retrouve à prendre la princesse en otage pour échapper à son arrestation. Ils fuient alors tous deux la colonie, en direction d’Insectopie, le lieu idyllique où chaque être peut vivre sa vie comme il l’entend. Mais dans l’ombre, le Général Mandibule, chef des armées, fomente un plan d’extermination de la classe ouvrière dans le but de créer une nouvelle colonie plus disciplinée. Z et Bala, en exil, se trouvent alors être la dernière chance de la fourmilière. Parviendront-ils à sauver la colonie des mains du Général Mandibule ?
Un animé exaltant, qui associe humour et portée sociale avec habileté. Un must see pour les fans de fourmis !
Généralement chez Dreamworks, ce sont les personnages qui me bottent de fou, mais pour être tout à fait honnête Fourmiz ne s’applique pas vraiment à cette règle. Faisons le tour de ses personnages.
Des personnages caricaturaux mais un héros au top !
Weaver
Commençons par la fourmi soldat Weaver : meilleur ami de Z (né 2 secondes après lui, forcément ça tisse des liens), il est doublé en VO par Sylvester Stallone et honnêtement il a tout de ce type : le corps d’armoire à glace, la gueule carrée, la maladresse lorsqu’il s’agit de draguer des minettes (on repensera à Rocky avec Adrian)… Et vu que je suis un grand fan de Rocky, j’ai tout de suite accroché avec ce personnage. Mais mis à part le rôle clé qu’il a pour le plan de Z d’échange de place, et son histoire d’amourette avec une ouvrière, Weaver reste globalement vide. Il apporte un nouveau point de vue sur la classe ouvrière lorsqu’il marche dans le plan de son ami, mais rien de plus.
Bala
Pour la Princesse Bala, c’est la même chose. Arrogante et maniérée, elle a tout de l’archétype de la princesse gâtée qui se refuse à ses responsabilités pour aller kiffer la live. Elle est fiancée au Général Mandibule, et donc promise à régner sur la colonie telle sa mère, vie dont elle ne rêve pas. On la retrouve donc, sans surprise, tentant de pimenter sa vie en sortant en cachette. Et pourtant, à force de persévérance et de détermination, Z réussira à la changer progressivement. Rien de palpitant à ce niveau, même si, étant jeune, j’étais follement attiré par leur histoire d’amour.
Mandibule
C’est avec le Général Mandibule qu’on commence à s’amuser un peu. Son personnage n’a pourtant rien de spécifiquement profond : il est réduit au rang de méchant manichéen de l’histoire. Pourtant son plan ne manque pas d’audace ! Répugné par la classe ouvrière qu’il trouve indisciplinée et vulnérable de par sa propension à l’individualisme, il planifie de l’exterminer, tel un bon dictateur, en la noyant. Comble du sort, puisqu’il fait creuser aux ouvriers le tunnel qui mène à la flaque d’eau destinée à tous les ensevelir. Mais ce n’est pas tout, il projette également de se débarrasser de la reine de la fourmilière, jugée trop sympathisante de la classe inférieure. Et pour abaisser son niveau de garde, il envoie tous les soldats fidèles à la reine en opération suicide contre les termites (mission dans laquelle Z se retrouvera mêlé). Il finirait ainsi à la tête de la colonie, qu’il repeuplera de robustes soldats grâce à la nouvelle reine : la princesse Bala, élément donc nécessaire à son œuvre. Un plan somme toute diabolique, digne du plus grand des tyrans. Quant à son design, on retrouve la bête de guerre, destinée à mourir au combat, qui me fait d’ailleurs drôlement penser au Colonel Quaritch dans Avatar.
Cutter
Le rôle du fidèle subordonné est destiné ici au Colonel Cutter, qui certes à la réputation de ne pas être tendre, mais qui pourtant participera à l’échec du plan d’extermination des ouvriers, une fois que ceux-ci lui auront prouvé être bien moins qu’insignifiants.
Z
Et c’est là que nous arrivons au personnage de Z, qui, au détriment des autres, m’a totalement convaincu ! Déjà, rien que l’idée d’une fourmi dépressive, se posant des questions existentialistes sur la place qu’elle occupe au sein de la colonie, est géniale !! La fourmi est l’animal communautaire par excellence, celui qui se préoccupe du bien de la fourmilière, et non de ses envies propres. A ce niveau c’est un sans-faute. Dès la scène d’intro on nous balance la sauce : Z assiste à sa séance chez le psychologue (rien que pour l’idée, je tire mon chapeau bas !) et baragouine ses problèmes personnels, qui n’ont finalement aucun sens puisque c’est une fourmi !! Il est par exemple claustrophobe (pas de peau pour un insecte qui doit travailler sous terre !), il est l’enfant du milieu dans une famille de 5 millions et se plaint du manque d’attention de la part de sa mère (tu m’étonnes !), il n’aime pas son job et se trouve inadéquat du fait qu’il ne peut porter plus de 10 fois le poids de son corps (faut aller à la muscul coco !)… Bref, des tirades à s’esclaffer de rire, vraiment ! Et pour couronner le tout c’est Woody Allen lui-même qui double son perso en VO ! Et le rendu VF est juste magnifique : la voix chevrotante de l’individu manquant de confiance en soi, on y est complètement ! Et tout le long du film Z n’arrêtera pas de faire ses remarques réfléchies qui n’ont pas le moindre sens d’un point de vue de fourmi, pour notre plus grand plaisir. Passant par la psychologie « J’ai trouvé un nouveau psy, il me reconnecte avec mon Moi-larvaire, c’est fabuleux ! », jusqu’à faire des sous-entendus sexuels complètement assumés : « Vous savez, j’avais l’intention de vous partager mes fantasmes érotiques les plus débridés, eh bien, maintenant c’est fini ça… Alors là vous pouvez faire une croix dessus ! ». Ma réplique favorite reste celle qu’il lâche quand, engagé dans la bataille contre les termites, il propose une alternative à la guerre par « une attaque de leur système politique par un grand programme d’affichage » ! Juste hilarant dans le contexte ! J’adore ce personnage, j’adore ses réflexions, j’adore sa façon de parler, j’adore son histoire d’amour ! Yaouuutch ! J’avais forcément du mal à le comprendre en étant jeune, et puis en re-visionnant le film je me suis complètement retrouver en lui.
Une lutte des classes dans un film d’animation ?
Parlons-en d’ailleurs de ces classes ! Il fait sens aux yeux des fourmis d’être divisé dès la naissance en deux classes distinctives : les plus forts deviendront soldats, les autres rejoignent la classe ouvrière. Y a-t-il une classe avantagée par rapport à une autre ? Pas vraiment, les deux se complètent pour le bien de la colonie : les soldats protègent la fourmilière des autres espèces, les ouvriers l’aménagent, l’agrandissent, la font tourner en quelque sorte (Z se définit lui-même comme « technicien d’aménagement du sous-sol » ! Z, je t’aime !). On pourrait ajouter à cette division de la colonie une ultime classe : la noblesse, composée de la reine, la princesse et leurs servantes (aidant à élever les larves) ; mais aussi des hauts gradés comme le Général Mandibule et le Colonel Cutter. Puisque le plan du Général consiste à exterminer la classe ouvrière, classe prolétaire par excellence, il n’est plus possible d’y voir un modèle de lutte des classes, qui techniquement irait d’en l’autre sens (classe ouvrière contre la noblesse pour acquérir plus de libertés). Le film nous fait donc simplement réfléchir sur quelques notions complexes (assez notable dans un animé pour le souligner) et nous laisse nous-même tirer nos propres conclusions. Comme l’a dit Barbatus, le frère d’arme que c’est fait Z sur le champ de bataille, dans son dernier souffle : « Ne fais pas la même erreur que moi, pense par toi-même ! ». Voilà ce à quoi nous invite le film, et c’est peut-être ça qui m’a fait le plus kiffer !
Un discours social tourné en comédie
Et c’est exactement ça que j’aime dans ce film : tout le discours social que peut avoir Z, s’affirmant en tant qu’individu dans une colonie uniformisée, est repris dans le reste du film dans une dialectique individualisme/communautarisme. En effet, comme on pouvait s’y attendre de la part de fourmis, tout est organisé dans la colonie pour qu’on ressente cette impression d’uniformité : les couchettes ne sont que de minuscules trous encastrés dans un mur s’enchevêtrant les unes sur les autres sur des centaines d’étages, les journées sont les mêmes, boulot/asticot/dodo, et chaque fourmi reçoit sa ration quotidienne en échange de son travail, quand vient le soir, elles se rassemblent au bar et exécutent une danse en ordre militaire, toutes alignées… Bref, pas de place pour se sentir individu libre et épanoui. Et forcément, quand le bruit court dans la fourmilière que Z a changé de classe et kidnappé la princesse pour s’enfuir de la colonie, toutes les fourmis sont prises d’un élan d’individualisme et souhaitent alors avoir plus de libertés. Les fourmis de la classe ouvrière se mettent alors à faire de Z un héros, un modèle, presque un martyr, se révoltant complètement contre l’ordre établi, jusqu’à chanter « Give Z a chance » (reprise de « Give Peace a chance » de John Lennon) aux portes du Général. Et pourtant, le film ne pousse pas cette révolte jusqu’au bout, puisque finalement c’est le communautarisme et l’entraide entre fourmis qui sauvera la classe ouvrière de la noyade. Et à la fin du film d’animation, les choses reprennent leur cours, sans changement dans l’organisation de la colonie. Z accède juste à la noblesse puisqu’il épouse la princesse Bala. Quelle morale peut-on tirer alors de ce film ? On peut finalement plus voir Fourmiz comme l’ascension sociale d’une banale fourmi ouvrière plutôt que comme une lutte des classes chevronnée.
Un univers fourmillant de petits détails
Qui dit monde d’insectes appelle à de la créativité ! Et la non plus, Dreamworks ne m’a pas déçu. Même si l’animé est somme toute moins créatif et ingénieux que 1001 Pattes à ce niveau, il n’en reste pas moins excellent. J’ai donc adoré noter les bières de puceron que boivent les fourmis au bar, le date de 5 secondes qu’accorde le Général à sa fiancée la princesse Bala, puisque comme nous le rappel le Colonel Cutter : « le temps ne s’arrête jamais pour les fourmis », l’instant privilégié que prend la reine avec toutes ses larves en les prenant dans ses bras les unes après les autres… On ne nous présente pas tant d’autres créatures à part des guêpes aristocrates plutôt sympathiques et, bien sûr, « l’ennemi termite » qui est vraiment bien réalisé et qui, à la place d’une fourmi, me ferai bien peur.
Et puis qui dit film sur les insectes oblige l’interaction avec les humains. A ce niveau on a également de quoi faire : le coup de la loupe qui brûle les soldats sur place, la princesse Bala coincée dans un chewing gum sous une chaussure d’un humain en plein mouvement, et la course poursuite qu’engage Z en s’accrochant à son autre chaussure pour la secourir. On pensera aussi à la nappe à carreau et le pique-nique étalé dessus, qui a des allures de capitale nourricière pour nos deux fourmis.
L’Eldorado pour insectes
En tant que véritable parcours initiatique et ascension sociale d’un individu lambda, Fourmiz devait emmener Z dans un endroit idyllique pour qu’il puisse prendre du recul sur sa vie, comme l’avait fait Voltaire avec Candide. On rencontre donc Insectopie, cet Eldorado pour insectes, qui se trouve n’être que le ramassis d’ordures en dessous d’une poubelle publique. Pour la trouver il suffit de suivre le « monolithe », et mon dieu, j’ai mis un paquet de temps avant de comprendre ce que pouvait bien être un monolithe (merci Kubrick !). Insectopie présente des éléments plutôt créatif comme la montagne russe représenté par un ver qui va de trou en trou dans une pomme pourrie, les allumettes qui servent de bûches de bois au feu de nos bohémiens, ou encore nos deux fourmis qui font des anges des neiges sur le sucre glace d’un vieux donut ! Et puis d’après ce que nous dit le film, le Général Mandibule connait l’emplacement exact de cet endroit ! Bazar de bazar, expliquez-moi comment c’est possible ou montrez-moi le Général en tongs/bermuda sirotant son cocktail de puceron dans ce lieu idyllique pour insectes, mais faites quelque chose !!
Une musique sympathique
Pour les musiques, rien de très marquant comme pouvaient le faire Le Prince d’Egypte ou La Route d’Eldorado. Cependant j’aime beaucoup le travail sur le thème principal de la colonie, très hachée, quasi militaire, et très rapide, qui procure cette sensation de vie ordonnée à 1000 à l’heure que l’on peut vivre dans une fourmilière. Quand j’étais petit c’était la musique des fourmis partant en guerre que j’avais retenu, très largement inspiré de la chanson « When Johny Comes Marching Home ». Et puis on retrouve la reprise de « I Can See Clearly Now » de Jimmy Cliff, qui accompagne notre love story à la perfection !
En résumé, un film complètement exaltant, avec un personnage principal au top, une créativité à toute épreuve et une portée sociale fort sympathique. A voir et à revoir !
Retrouvez cette critique dans son intégralité (photos, vidéos, anecdotes...), ainsi que plein d'autres surprises, sur mon blog : https://jadooore.wordpress.com/2017/02/27/fourmiz/
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Créée
le 17 août 2017
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