Gâtisme mièvre
C'est peu dire que la promesse du pitch "marxiste" (le droit des pauvres au luxe et à l'art, incarné par une aide-soignante dévouée qui vole parfois ses clients) n'est pas tenue. Pas de dialectique...
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Tourné à l'arrache, sans machinerie (caméra portée) ni lumière (juste le soleil puisqu'on restera en extérieurs sur l'île), le film débute comme une sorte de documentaire de son propre tournage : choisir le site, planter les tentes, découvrir le paysage, faire à manger, et surtout observer cette quinzaine de jeunes en train de plaisanter, dévaler les pentes, laver son linge... La limite c'est l'aspect collection de saynettes saupoudrées de musique, mais heureusement la caméra garde un côté brut, une façon de rentrer sans préparation dans les scènes, de capter une atmosphère plutôt qu'une action (les sous-titres anglais qui ne traduisent pas tout renforcent cette impression). L'hédonisme foutraque de ces jeunes hippies va se heurter aux topos insulaires (problèmes de nourriture, d'organisation sociale, accidents) avec une dernière partie en mode Majesté des Mouches. La question politique n'est pas abordée aussi frontalement que dans le BAMBULE d'Eberhard Itzenplitz (sur un centre de jeunes filles) mais oriente nettement les comportements.
Ce n'est pas seulement un brouillon du superbe YOU ARE NOT ALONE que Nielsen et Johansen réaliseront trois ans plus tard, même si les deux cinéastes expérimentent là des dispositifs qu'on y retrouvera plus accomplis. Entre l'ode sensuelle et l'anthropologie clinique le film ne choisit pas, à la fois coup et parfum, effraction et infusion.
Créée
le 6 oct. 2023
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