Avec ce court-métrage, Hubert Charuel le futur réalisateur du réussi Petit paysan se confronte déjà avec le monde rural. Ici, nous avons Daniel (Franc Bruneau) qui arrive un peu en retard à un rendez-vous en bord de forêt, pour prendre part à une chasse. Il n’est pas de trop bon poil, car il est accueilli par quelqu’un qu’il n’apprécie pas (derrière son volant et donc à l’insu de celui-ci, il le traite de connard). Daniel arrive avec Cajou, son fox-terrier qui n’a plus que trois pattes suite à un accident de chasse où Francis, le fils de Gilles, a tiré sur le chien. Les déconvenues s’enchainent, car Daniel s’aperçoit qu’il n’a pas les cartouches qu’il faudrait. Et, comme autour de lui ceux qui pourraient lui en fournir sont déjà postés plus loin, il n’a pas d’autre ressource que d’appeler sa compagne, Jeanne (Claude Le Pape), pour qu’elle vienne lui en apporter. Jeanne qui cuisinait des vols au vent, s’approche en voiture elle aussi. Daniel qui discute avec elle au téléphone, la voit arriver. Il s’approche de la voiture à l’arrêt…


Avec ce court métrage de 14 minutes, Hubert Charuel ne se contente pas d’établir une ambiance de chasseurs, avec ses codes bien particuliers. Il s’inspire aussi de l’état d’esprit d’une région qu’il connaît bien, la Champagne. Même s’il n’a pas le temps de creuser la psychologie de ses personnages, il s’arrange pour suggérer des discordes qui datent. Ces relations tendues débouchent sur une situation explosive, suite à un drame. Et même si on ne saura pas exactement ce qui s’est passé, on arrive à la chute avec un sentiment de gâchis incroyable dû essentiellement à la bêtise humaine. Tout en montrant parfaitement l’enchainement des circonstances, le réalisateur fait sentir le choc ressenti par Daniel et ses réactions à chaud - conséquences de rancœurs accumulées - qui ne font qu’amplifier la catastrophe.


On peut éventuellement reprocher au réalisateur d’introduire une situation à tendance burlesque avec celui qui appelle bien maladroitement les secours. Au contraire, je pense qu’il montre - avec l’état d’esprit qui le caractérise - (voir ses autres court métrages, également disponibles en compléments sur le DVD de Petit paysan), comment peut réagir une personne confrontée à une situation la dépassant complètement et qui, par conséquent, perd plus ou moins les pédales. Ajoutons pour conclure, que le réalisateur prend son temps pour établir son ambiance (à tel point qu’à un moment, il pourrait clore son film, mais non il a encore de quoi nous surprendre), mais aussi pour faire sentir comment et pourquoi les personnages principaux se comportent. Il a également le sens du détail avec les tenues des personnages, leur façon de s’exprimer, les échanges de regards, ainsi que le panneau que Daniel installe) et aussi bien entendu les lieux où il filme : paysage de campagne en bord d’une forêt traversée par un long chemin bien droit.

Electron
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le 24 mars 2021

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