Francofonia est peut-être bien un film, mais c'est un film si particulier, si proche d'un documentaire historique couplé avec des incursions autobiographiques que l'on a du mal à rentrer pleinement dans l'oeuvre. Sokourov utilise sans cesse des images d'archives qui sont intéressantes mais deviennent dénuées de sens à force d'y avoir sans cesse recours.
Francofonia est définitivement beaucoup trop personnel pour tendre vers l'universel du genre humain. On a simplement l'impression de voir un cinéaste de la nouvelle vague qui commence son premier film en roue libre pendant 1h27. On a le droit à des zoom horribles et médiocres sur l'océan (bien entendu ils sont délibérés), des flous volontaires sur certaines images, des raccords entre deux plans très étonnants, etc.
Entre approximations historiques douteuses (les passages avec Napoléon sont d'une grossièreté et d'une indigence assez hallucinante) et digressions philosophiques trop personnelles, Sokourov dessert grandement son projet initial. S'il y a bien des idées intéressantes, une réelle recherche de plans sur certaines scènes, le tout ne prend pas et reste profondément inaccessible.
Pendant les trente premières minutes, je pensais vraiment qu'il allait se passer quelque chose avec ce film, et la lenteur et la lourdeur se sont faits de plus en plus présentes jusqu'à m'assommer littéralement pour les vingt dernières minutes où je n'en pouvais plus. Sokourov divague, il part sur le bolchévisme, pour revenir à Vichy, passer ensuite quelques plans sur le Louvre pour enfin repartir sur l'Ermitage, etc. Ça va dans tous les sens, et s'il y a bien une structure pour le réalisateur, cette dernière lui est à mon sens trop intime, donc je ne comprends pas bien la démarche qu'il entreprend.
Je retiens tout de même quelques beaux plans, quelques belles images et un effort de recherche global et de poésie, autrement, le film serait un raté complet.
Décidément, si L'Arche Russe est une merveille à tous les niveaux, rayonnant et exemplaire sur le fond comme sur la forme, Francofonia qui survient treize ans plus tard est une immense déception.