Feel the threat in the Herr

Grand classique du cinéma d’horreur et, plus précisément, du premier âge d'or du cinéma fantastique américain des années 1930 auquel il ouvre – avec Dracula – la voie, ce Frankenstein de James Whale m’a déçu. Adapté d’une pièce elle-même adaptée du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, ce film emblématique est, à mon sens, victime de sa renommée.

Si la créature, parfaitement incarnée par Boris Karloff, est à la hauteur de sa réputation (pour plusieurs raisons dont le maquillage, la démarche et, étonnamment, sa psychologie), le reste du film est à jeter aux oubliettes ; si l’on fait fi d’une liberté propre à la période pré-code qui ne cesse de surprendre, même en l’en de disgrâce 2017 (cf. la scène de la noyade).

Les personnages n’ont aucune profondeur psychologique. Excepté le monstre dont la construction psychique est complexe, ils changent tous d’avis comme on change de plan, de chaussettes ou, pis, de chaine devant la télé un dimanche après-midi. Le film pâtit inévitablement de cette superficialité qui s’étend jusque dans le montage ; les raccords ne s’accordant que sur une chose : le ratage total ou, dans le meilleur des cas, le manque de fluidité. Enfin, le film s’encombre de dialogues futiles – la faute à un scénario bâclé ou qui semble l’être – qu’une meilleure mise en scène aurait aisément évincés.

Néanmoins, remis dans son contexte, le succès public et critique du film est largement compréhensible. Outre ce monstre très réussi, au fort potentiel cinématographique, l’accent germanique des différents personnages et du pseudo-producteur qui présente le film lors de la séquence d’ouverture est symptomatique de la peur qu’ont les américains à cette époque d’une menace extérieure. Une peur prémonitoire, dans l’Herr du temps.

Note : 6,5/10.