Un film avec Peter Cushing pour moi est toujours une bonne nouvelle. Oui, même se le film est moyen, l'acteur et son charisme savent toujours me charmer. S'il est de Fisher, l'odeur nauséabonde de la daube s'éloigne de l'oeuvre. Mais si en plus le film s'ouvre sur Patrick Troughton.... Alors là, il gagne des points avant même de dépasser les deux minutes. Et oui, cet ancien Doctor possède à lui seul le don de me rendre généreuse.
Alors avec autant de bons points au démarrage, ce Frankenstein est il à la hauteur ?
Du point de vu du scénario, les ficelles utilisées pour mettre en place un décor et un moyen pour le Baron de poursuivre sa quête sont un peu grosses. Certes, du temps de Shelley, on enfermait facilement les personnes jugées folles. Et on ne s'occupait guère de ce qu'il se passait dans les asiles, pour la simple et mauvaise raison qu'il ne s'y passait rien de très reluisant. Les fous du présent asile ont au moins la chance de ne pas être enchaînés...Mais en regardant le début de ce film, je n'ai put m'empêcher de trouver le scénario un peu simplet.
Ceci dit, le décor à ses avantages et ils sont plutôt bien exploités dans le film.
Comme à son habitude, Frankenstein détient des connaissances lui assurant tranquillité et pouvoir. Et donc la possibilité de continuer à conduire des travaux auxquels il ne saurait tourner le dos. Un homme de science, un vrai, prêt à dédier sa vie au progrès ou à ce qu'il croit l'être. Boudant toujours un peu ces sornettes que sont la morale et l'ethique, notre cher baron, malgré quelques handicaps, reste déterminé et continue sur sa lancée. Comme à son habitude, Cushing incarne le savant avec brio, révélant un homme autoritaire et déterminé mais aussi un homme qui commence à réaliser qu'il se trompe. Bon, il ne réalise pas bien où il se trompe, mais il ne serait pas un bon Frankenstein si c'était le cas, si ?
Et puis au moins ici, il n'est plus le pervers absurde qu'il était dans le retour de Frankenstein... (Oui, ça m'a marqué)
Et cette fois, l'homme a un admirateur tout prêt à comprendre l'importance de ses travaux et à le seconder.
Un jeune homme un peu détaché de la réalité, acharné comme le peut être un élève rencontrant son mentor mais qui, contrairement au baron, n'en oublie pas le but humanitaire de la médecine.
Le jeune interprète semble un peu déphasé au début, mais incarne au final assez bien cet esprit axé vers le progrès et peu soucieux du monde dans lequel il évolue. Il manque peut être un peu de subtilité, mais fait bien le boulot en général.
Ce volet est également emprunt d'une légère touche d'humour qui ne gâche rien et rend un peu d'humanité à ces films qui traitent justement d'humain et de vie.
Encore un fois, Frankenstein rejette tout aspect psychologique à ses expériences, n'apprenant toujours pas de ses erreurs bien qu'il soit pourtant fort pour cerner ses patients et autres êtres vivants... Paradoxal non ?
Sarah, notre Ange de service est quant à elle un personnage plutôt intéressant mais quelque peu sous utilisé. Quel dommage de n'avoir pas fait jouer davantage la corde sensible lorsque Frankenstein dévoile ses plans. Sans parler de rejouer un King Kong, le personnage, ce qu'elle représente et ce qu'elle fait ressentir aux autres aurait pu être mieux exploité. Rien de bien dramatique, juste un petit regret.
Je conclurai donc en disant que ce volet des aventures du plus célèbre des Barons tient bien la route et est à la hauteur de ce que la Hammer pouvait produire à l'époque. Un film qui connaît certes quelques défauts mais qui fonctionne plutôt bien et dont le background permet au scientifique de poursuivre ses recherches avec matériel et matière première fournies par l'état. Un film qui n'est certes pas un chef d'oeuvre mais qui reste plaisant à regarder.