On va faire court. Ce film me réconcilie avec Tim Burton. Dieu sait que la tâche était ardue, et pourtant ce film a réussi !
Déjà, il n'y a ni Depp ni Bonham Carter. Alors je sais, ça ne présage en rien de la qualité du film, mais ces deux acteurs étant fréquemment associés aux dernières déceptions burtoniennes, je suis quand même arrivé dans la salle avec un gros a priori positif grâce à ça. Et puis on retrouve plein d'acteurs qui ont aussi déjà joué avec Burton, donc on n'est pas en terrain inconnu.
Dès la première scène, on pense au court-métrage de 1984. Normal, puisque c'est (presque) la même. La dernière scène est identique aussi. Et c'est à peu près tout. Pour le reste, Burton nous concocte une histoire aux petits oignons, en forme d'hommage gigantesque, à l'œuvre de Mary Shelley bien sûr, mais aussi et surtout à tous les films fantastiques des années 30 à 50 qui ont bercé sa jeunesse. On pense tout de suite à Ed Wood et Mars Attacks, deux de ses meilleurs films, qui étaient aussi dans la même logique d'hommage. De ce point de vue-là, le film est une totale réussite, le point culminant étant bien sûr la scène où tous les monstres, évoquant de manière plus ou moins subtile les classiques Universal/Hammer, sèment la panique parmi les habitants de la ville.
Les personnages sont assez incroyablement charismatiques, étant assez nombreux et variés. Le film suit alternativement Victor, ses parents, Sparky, Toshiaki, Edgar... sans que cela ne soit trop embrouillé. En fait, le rythme et la structure du film sont très bien gérés : même si l'histoire en elle-même est un peu fouillis (on a parfois du mal à saisir où Tim veut nous emmener), le montage exemplaire compense totalement cet espèce d'imbroglio (évidemment volontaire) d'histoires et de personnages tous aussi farfelus et attachants les uns que les autres.
L'histoire et le sujet du film, en apparence simplistes (moins quand même que dans la version 1984) et prétextes à l'hommage sont, je pense, beaucoup plus subtils qu'il n'y parait, et justifieront largement un second visionnage. Il y a bien sûr le côté largement autobiographique et très personnel du thème abordé, mais aussi le décalage entre l'innocence de l'enfance et la cruauté du monde des adultes, l'obscurantisme, et puis l'amour, tout simplement.
L'humour est également très présent, avec certains passages assez savoureux, et le film fourmille de clins d'œil et autres références, plus ou moins discrets, plus ou moins subtils, qui justifieront eux aussi un second visionnage.
Au niveau du look, plusieurs choses. D'abord, c'est très beau. Là il y a pas à chier : l'animation est fantastique, le design est à tomber, et le noir et blanc est diablement bien rendu. Par contre, on pourra reprocher le manque flagrant d'originalité dans le style. Victor a exactement la même tronche (et le même prénom d'ailleurs), que le protagoniste de Corpse Bride, ses camarades de classe évoquent immanquablement les habitants d'Halloween, et l'ambiance visuelle générale lorgne clairement du côté de Vincent, ce qui est un peu un défaut récurrent chez Burton.
Bon, j'ai pas fait hyper court au final, mais ça ira. Pour conclure : ce n'est pas un chef d'œuvre, c'est loin d'être le meilleur Tim Burton, mais c'est clairement son travail le plus abouti, personnel et sincère depuis pas mal de temps. Et ceci laisse présager que le bonhomme a encore de bonnes années devant lui !