Dès l'annonce du projet Frankenweenie, les fans tout comme les spectateurs grincent des dents. Au vu du joli pétard mouillé qu'a été Alice au Pays des Merveilles, tout le monde craint que Tim Burton continue sa chute libre et soit en manque total et définitif d'inspiration.
Frankenweenie est en effet un des courts-métrages en images réelles les plus connus de Tim Burton réalisé en 1984 produit par les Studios Disney. Long de 30 minutes, le court-métrage Live avait acquis une certaine popularité au fil du temps mais rien ne pouvait prévoir que le réalisateur voudrait remaker lui-même son oeuvre d'origine.
Car contrairement à Alice au Pays des Merveilles, Frankenweenie n'est pas une commande, c'est même Burton qui aurait demandé à Disney des financements pour réaliser un nouveau film basé sur les personnages qu'il a mis en images 28 ans plus tôt. Le projet ferait parti selon la rumeur du contrat signé par Burton pour réaliser Alice chez Mickey.
Tim Burton a donc carte blanche pour prouver à son public qu'il n'a pas perdu son talent et qu'il peut encore faire de bons films. Pari réussi?
Je crois qu'il est impossible de faire une critique de ce remake sans le comparer au film d'origine. C'est inévitable car c'est sur l'histoire que les fans du réalisateur ont quelques craintes. Burton avance en terrain connu et peut très bien se reposer sur ses lauriers pour éviter de trop se fouler.
Le film reprend en effet toutes les scènes-clés du court-métrage original et les retranspose ici en animation avec quelques modifications par-ci par-là. Cette approche peut décevoir les passionnés de Burton mais pourtant, l'histoire de ce remake ne transmet ni les mêmes émotions ni les mêmes messages que l'oeuvre de 1984.
Fait avec bien plus de moyens, Burton reprend tous les codes habituels de son cinéma mais réinvente ainsi son court-métrage sans qu'il n'y ait une impression de redite. La première partie se veut assez lente et peu rythmée afin de présenter avec plus de relief la relation entre Victor et son chien, Sparky. Celle-ci est infiniment mieux traitée et est une belle amélioration. Le lien affectif qui unit le jeune maître et son toutou se ressent beaucoup plus à travers des moments très intimes et touchants. Moi qui reprochais aux derniers Burton de ne pas être assez émotionnels, Frankenweenie répare cette erreur. Contrairement à beaucoup, je préfère la première partie du film pour son installation plus longue. On retrouve avec bonheur les moqueries des banlieues déjà présentes dans Edward aux Mains d'argent sans pour autant qu'il n'y ait un sentiment de déjà-vu.
La deuxième partie est celle qui s'éloigne le plus du court-métrage en rajoutant une sous-intrigue où l'invention de Victor est utilisée à des fins malveillantes. J'apprécie l'idée que Burton retourne à ses premiers amours en référençant grand nombre de films d'horreur populaires (Dracula, La Momie, L'Étrange Créature du Lac Noir etc..) mais cet arc semble sortir un peu de nulle part et paraît forcé juste pour différencier le long-métrage du court-métrage. Rien de mal fait bien sûr, les personnages déjantés de Burton sont toujours au rendez-vous mais je me suis senti moins investi dans la dernière demi-heure.
Techniquement, Burton assure toujours autant. Après avoir utilisé la stop-motion sur L'Étrange Noël de Monsieur Jack, James et la Pêche Géante et Les Noces Funèbres, le réalisateur reprend le même procédé mais ajoute le noir et blanc pour augmenter le sentiment de nostalgie qui découle du film. L'idée marche à la perfection et les images sont ainsi particulièrement belles avec une parfaite gestion des lumières et des ombres. Une belle réussite malgré certains indices qui laissaient présager le pire (Victor a le même design que.... Victor!).
Pour la musique, rien de bien marquant. Danny Elfman fait le job mais on a connu le compositeur plus inspiré.
En fait, si on récapitule, Frankenweenie est un film d'animation très appréciable. La seule chose qui effraie c'est que Burton soit désormais obligé de se replonger dans ses premiers travaux pour refaire de bons films. Car Frankenweenie est un film très sincère, on sent que Burton l'a fait avec du coeur. Mais on espère que ce n'est pas le signe d'une panne d'inspiration qui durera. À voir sa prochaine collaboration avec Disney pour la réadaptation Live de Dumbo, il y a de quoi avoir quelques doutes. Espérons que Miss Peregrine et les Enfants Particuliers nous rassurera sur ce point.