Interminable deuil
Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...
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le 8 sept. 2016
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Vénéneux, trouble et ambigu, oui nous sommes indéniablement dans un film d'Ozon. Mais cette fois il a pris le parti de faire son film le plus référentiel avec l'utilisation d'un noir et blanc qui rappelle sans cesse la période où le film prend place. Et l'original de Lubitsch. On peut penser ici aux histoires de famille bergmanienne également ou aux films allemands de la première moitié du XXè siècle de Murnau à Lang.
Le spectateur est mené sans cesse en bateau et Ozon réalise le tour de force de faire un film léger presque sans pathos en parlant de sujets graves et de blessures communes. C'est aussi parce que les personnages dépeints sont soit lâches, soit confus soit naïfs. Et le rôle du mensonge, un des thèmes qui traverse la filmographie de l'auteur, est traité de manière délicate. Ce mensonge selon Ozon semble avoir un pouvoir de bonheur fragile quand les humains ont trop de difficultés à accepter la réalité. Là où le style du réalisateur déconcerte, c'est qu'il n'est jamais universel et constate simplement une situation donnée. Ses personnages s'embourbent dans ce qu'ils croient être eux-mêmes et ne paient pas toujours le prix de leurs actes. Ils voguent dans une brume, dans la petitesse de leur ego respectif et, au fond, voudraient vivre. Vivre pleinement. Et doivent faire face pour cela à la mort. Celles des autres mais surtout la leur. Ozon ose le conte philosophique en quelque sorte.
Il y a cependant, il est vrai une certaine lenteur au film mais elle est nécessaire à la mise en place du cadre et des personnages dans lequel se jouera ce drame aux accents de polar. La vraie déception vient peut être de la prestation des acteurs. Peut-être, est-ce la direction d'acteurs qui est à incriminer.
Au passage, le film écorche subtilement le bourgeois bien pensant, dans les clous, qui parle de sa souffrance, qui souhaite de tout son égoïsme être pardonné. Il n'a pas vraiment idée de la souffrance, il vit dans un domaine maternel.
Ozon continue donc son bout de chemin, parsemé d'œuvre étranges et malaisées, mais toujours intéressantes et qui suscitent entre les spectateurs réflexions et débats.
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Créée
le 29 sept. 2016
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