Devant les premières minutes de la projection, on jurerait que Guillemo Del Toro n'a pas tourné Nightmare Alley et n'a donc pas momentanément abandonné les terres du fantastique merveilleux qu'il aime tant. C'est dire si Freaks Out part avec un capital sympathie énorme, qui ne se dissipera par ailleurs jamais.
Sans non plus uniquement se reposer sur cette parenté avec le généreux mexicain, puisqu'il se dessine avec une gourmandise de chaque instant une identité multiple au carrefour d'une oeuvre comme Balada Triste, du film de super héros, du film de guerre, du pulp débridé et la réinterprétation de la grande histoire à la Inglourious Basterds.
Sans jamais se perdre en cours de route, ni céder à la surenchère.
Car Freaks Out procure le même plaisir que le premier opus de son auteur, On l'Appelle Jeeg Robot, déjà tourné à hauteur d'être humain, en embrassant déjà le même thème du (super) pouvoir avec originalité.
L'avis un poil feignant que vous lisez pourrait largement s'arrêter là et vous dire que Freaks Out, c'est formidable. D'autant plus que j'imagine que d'autres plumes bien plus aiguisées ont déjà dû vous dire la même chose que moi.
Je vous demanderai donc seulement d'imaginer que Jeeg Robot abandonne son énergie urbaine démentielle pour le troquer contre un sens du merveilleux et une poésie désarmante, investissant une période de l'histoire propice à l'exploration de l'altérité de ses personnages, jusqu'à celle de son méchant, troublante contradiction sur pattes traversée d'une ambition en forme de revanche sur sa propre différence.
D'imaginer que la tendresse éprouvée devant le couple improbable de Jeeg Robot se transpose vers quatre personnages effectuant leur mue, en résistant sans le savoir. La petite Matilde en tête, que l'on ne peut qu'aimer de manière immédiate et terrassante. Ce petit groupe hétéroclite tire le genre super héros vers sa facette la plus humaniste et perdue de vue depuis belle lurette.
C'est ce qui fait sans doute que Freaks Out soit aussi attachant, et ce dès la lecture du titre sur son affiche pas très attirante, qui sonne telle une invitation à la manifestation de la différence.
Et aussi ce goût et cet amour profond du spectacle, qu'il soit littéral, à l'écran, le temps de représentations enchanteresses, ou qu'il ressorte de la mise en scène inspirée de Gabriele Mainetti, animant la sincérité de son propos. Et éclairant son film de mille éclats, voire de mille feu.
Behind_the_Mask, ♪ We can be heroes ♫.