Rome, 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale. La Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario, qui sont des êtres hors du commun, formant une fratrie de coeur. Israel, le propriétaire du cirque et leur père putatif, tente d'organiser leur fuite à tous, pour les Etats-Unis, mais il disparaît. Les quatre personnages se retrouvent dans le cirque d'obédience nazi de Franz, un freak médium ayant choisi le "coté obscur" et le IIIème Reich.
J'avais beaucoup apprécié le premier long métrage de Gabriele Mainetti, On l'appelle Jegg robot sorti en 2016. Ce film de super héros, charnel, incarné et complétement décomplexé apportait un peu d'air frais et de noirceur aux productions standardisées américaines de plus en plus fades qui envahissaient déjà les écrans du monde entier.
Remontant le temps, Gabrielle Mainetti plante cette fois l'essentiel de son récit et de ses "4 saltimbanques fantastiques" dans la banlieue de Rome, alors que l'armée allemande rencontre ses premières difficultés en Europe.
Parmi les films sur le cirque que j'ai visonnés, j'avais été marqué par le légendaire Freaks de Tod Browning et, beaucoup plus récemment, par Nightmare alley de Guillermo Del Toro. A l'instar de Nightmare alley, le cirque de Freaks out n'est que le point de départ pour les aventures des 4 personnages principaux du long métrage.
Le film commence dans le petit chapiteau d'un cirque avec les numéros des 4 protagonistes principaux: Matilde (Aurora Giovazinno) qui est "chargée" en électricité, Cencio (Pietro Castellito) ayant le pouvoir de commander les insectes, Fulvio (Claudio Santamaria), un loup garou (qui ressemble beaucoup à Chewbacca) et Mario (Giancarlo Martini) qui a la capacité magnétique de faire bouger tout objet métallique. Tous se succèdent devant un public émerveillé. La ville et le cirque sont alors bombardés par l'aviation allemande. Les 4 fugitifs vont déambuler dans le coeur historique de la ville éternelle.
Matilde va se retrouver séparée de ses 3 compères. Recueillie par des partisans estropiés anti nazis dirigé par un chef doté d'une gouaille mémorable, elle finit par retrouver Israël, son père adoptif bienveillant, en partance pour un camp d'extermination avec d'autres prisonniers.
Le destin les sépare de nouveau. Ses 3 amis ayant rejoint le cirque de Franz, médium et pianiste surdoué, doté de 6 doigts à chaque main, celui ci les recueille comptant sur leurs "super pouvoirs". Leur recrutement fera d'après lui basculer l'issue de la guerre du coté de l'Allemagne nazie.
Matilde se retrouve elle aussi dans ce cirque dont les machoires se referment sur elle comme sur ses amis.
Domestiquant ses pouvoirs électrisants qui peuvent être meurtriers, elle parvient à prendre la fuite avec ses compères, avant le combat final. Celui ci aura lieu dans une petite gare entre le bataillon allemand commandé par Franz et les 4 freaks, l'enjeu étant de stopper le train rempli de prisonniers promis à une mort certaine.
Freaks out, en dépit de son approche originale, crue et parfois très violente rappelle le scénario des X MEN. La comparaison s'arrête là. A la symbolique de ces super-héros un peu vintage s'ajoute le récit historique disruptif, brutal et violent, l'interdiction aux moins de 12 ans me paraît justifiée (c'est aussi ce qui fait le charme du film....). Pour preuve, on assiste, entre autres, à quelques scènes appuyées de violence mais aussi aux ébats érotiques entre Fluvio, le loup garou, et une femme à la pilosité ultra significative, scène hautement improbable dans un film anglo saxon...
Franz Rogowski est trés bon dans le rôle de Franz. Personnage d'une intelligence supérieure qui sait comment l'Histoire va tourner, il est méprisé par ses pairs en raison de sa difformité, l'intéressé a un bec de lièvre et des mains à 6 doigts. Moqué par des allemands eugénistes, il souhaite pourtant ardemment la victoire du Reich. Après tout, Goebbels, ministre de la communication du Reich, n'avait il pas un pied bot....
La thématique prioritaire du film s'incarne dans l'affrontement entre ces 4 saltimbanques peu ordinaires, héros humanistes du hasard et des circonstances, et 'l'Eugénisme, vertu cardinale du régime nazi porté par les armées du Reich. Freaks out est un divertissement original, un film hybride plutôt réussi , aux confins du film de guerre, du drame historique et du film de super héros,dont l'émotion n'est pas absente.
On ne peut qu'espérer que Gabriele Mainetti fasse des émules dans ce genre de cinéma, en Italie et ailleurs en Europe, le "vieux continent" a, sur ce plan, des choses originales à raconter qui renouvelleraient probablement le genre....
Trailer VF
Ma note: 8/10