Le fameux crossover entre Freddy Krueger et Jason Voorhees a enfin vu le jour en 2003. Une rencontre attendue par des millions de fans. Le film aura connu un "development hell" qui a fait couler pas mal d'encre depuis l'annonce du projet. Au départ, le maquilleur Rob Bottin (The Thing) était pressenti pour être le réalisateur du film. Mais bon, comme toujours, les producteurs ont mis leur grain de sel dedans et Rob Bottin en a eu assez. Robert Englund aussi d'ailleurs. Et c'est finalement Ronny Yu (La Fiancée de Chucky) qui s'est retrouvé derrière la caméra.
Notre pauvre Freddy n'est pas content. La nouvelle génération de teenagers de sa chère rue Elm l'a oublié depuis belle lurette. Et si ces chères têtes blondes ne font plus de cauchemars, il ne peut s'extraire des rêves pour s'adonner à son passe temps favori : le charcutage d'ados bien crétins. Un passe temps qu'il partage avec un autre démastiqueur de gamins : Jason Voorhees. Freddy décide alors d'engager Jason (en se faisant passer pour sa môman) pour aller foutre les jetons aux teenagers de la rue Elm. Freddy peut enfin revenir car les jeunes font de nouveaux des cauchemars. Seulement voilà, Jason est un simple d'esprit qui ne sait faire qu'une chose : de la boucherie. Freddy se rend alors compte que si Jason tue tous les jeunes du quartier, il va se retrouver à son point de départ. Freddy va alors tout mettre en oeuvre pour stopper Jason...
Et bien, en voilà un sacré scénario. Déjà, ça ne commence pas sous les meilleurs hospices. Il faut dire qu'il fallait bien en trouver un de scénario! Rassembler à l'écran ces deux monstres sacrés du cinéma d'horreur était une bonne idée, encore fallait-il leur donner un motif à se castagner... On passera donc sur ce scénario qui ne présente pas grand intérêt, qui nous afflige de sous-intrigues inutiles (le père de Lori) et qui est juste propice à nous dévoiler quelques séquences bien sanglantes jusqu'à l'affrontement final entre Freddy et Jason...
La première chose qui "frappe" dès le début du film est la narration de l'ami Freddy. On se demande alors si l'on est pas en train de regarder un épisode de la série des Freddy et l'on en vient à se poser des questions sur le véritable rôle de Jason dans tout ça. On sait que Robert Englund aime son personnage et que, sur le projet, il a eu une certaine "main mise" et a imposé certains élements scénaristiques. Il n'est donc pas surprenant de le voir sur le devant de la scène durant de nombreux passages du film. Pourtant, ce n'est pas lui qui remporte les meilleurs passages du film. Ce serait plutôt Jason qui se taille la part du lion en nous gratifiant de quelques scènes anthologiques (je pense notamment à son débarquement à la free-party en plein champ de maïs). Jason ne fait pas dans la dentelle et le sang coule à flot pour le plus grand plaisir des fans du "gros". En fait, le grand "atout" de Jason est qu'il n'est pas très bavard, contrairement à son comparse aux griffes acérées. Freddy, c'est bien connu, est avide de "punchlines" à l'humour noir mais ces pseudos "private jokes" tombent souvent à plat et l'on aurait préféré qu'il l'a ramène un peu moins et qu'il défouraille un peu plus...
Le film se laisse regarder gentiment mais l'on a parfois du mal à rester scotcher à l'écran. Si la première scène de meurtre nous met l'eau à la bouche pour la suite des évenements, on déchante assez vite lorsque Ronny Yu s'attarde sur les ados qui vont subir les assauts de Jason et de Freddy. Il ne faut bien sûr pas oublier que l'on regarde un slasher. Et dans un slasher, on ne fait pas souvent attention aux scènes de dialogues et l'on se concentre sur les meurtres. Et ce problème récurrent dans bon nombre de slashers, on le retrouve dans le film de Ronny Yu. Pourquoi est-ce préjudiciable au film ? Car nous ne sommes pas dans un Scream et que le film ne fonctionne par conséquent pas sur le mystère de l'identité du tueur. De ce fait, on assiste à des dialogues insipides déballés par des nanas aux poitrines oppulentes ("douteuses" même) qui ne passionnent pas. Alors, il ne nous reste plus qu'à se raccrocher à nos deux compères qui charclent et qui éclaboussent... Dommage...
Reste quelques passages intéressants, notamment sur les origines de Jason. On apprend des choses, ce qui n'est pas le cas de Freddy. C'est dommage car on aurait aimé que Ronny Yu s'attarde un peu plus sur le passé de Freddy au lieu de nous déballer, en guise d'intro, un Freddy dans sa cave qui attend de se faire brûler vif... Vraiment dommage car Robert Englund est parfait dans le rôle et qu'il aurait pu nous dévoiler un côté beaucoup plus sombre, proche de la folie, de son personnage...
Freddy VS Jason n'est donc pas exactement le film que l'on attendait. Il ravira très certainement la nouvelle génération, qui a "grandit" avec les Scream et les souviens-toi... l'été dernier. Mais pour ceux qui ont découvert les premiers Vendredi 13 et les premiers Freddy, la déception risque d'être au rendez-vous...
Mais bon, c'est déjà quelque chose de retrouver Jason et Freddy dans un même film alors ne boudons pas trop notre plaisir, même si le film aurait pu être cent fois meilleur...
A noter que Kane Hodder a été (honteusement à mon goût) évincé de son rôle de Jason pour être remplacé par Ken Kirzinger... On raconte que Robert Englund n'est pas étranger à l'affaire...