"Le Cauchemar insolite de Wes Craven" a toujours été le vilain petit canard de la série de Freddy Krueger. Ce n’est pas parce que le film est mauvais ou bien parce que le maquillage de Freddy est terriblement réaliste (sarcasme) . Non! C’est parce que c’est le dixième anniversaire de l’homme aux griffes d’aciers et que sa résurrection est marquée par le retour de son papa, Wes Craven. Ce dernier nous offre un cadeau qui transgresse les limites des frontières cinématographiques en nous amenant son fils dans le monde du réel.
Dix ans ont passé depuis la sortie du film "Les Griffes de la nuit" et les partisans de la série en redemande encore. L’actrice Heather Langenkamp, héroine de ce premier volet, est approché par le producteur afin qu’elle joue dans le tout dernier projet de Wes Craven, qui met encore une fois en vedette, le grand Freddy Krueger. Entre temps, Heather doit faire face aux appels incessant d’un fou démoniaque, aux très nombreux tremblements de terres qui secouent Los Angeles et aux très étranges cauchemars qui menacent son fils. De plus, elle a également la sensation que Freddy Krueger hante ses rêves.
La véritable force du film est grâce à son côté très réflexif sur son art. Wes Craven touche ici pour la première fois au thème de la réflexivité. Il va refaire l’expérience avec Frissons 2 et 3. Pour ceux qui ne sont pas familier avec le sujet, la réflexivité est le principe selon lequel l’art devrait révéler les principes de sa propre production. Pour ceux qui n’ont jamais vu d’oeuvre réflexive, regardez "Le Cauchemar insolite de Wes Craven" parce qu’il est un gigantesque film réflexif du début jusqu’à la fin. On nous insère dès le départ dans cette machine qu’on appelle « La production d’un film ». Le réalisateur nous embarque dans un début qui nous fait croire que le film est une sorte de « remake », mais cela n’est qu’une fausse piste aussitôt qu’on voit Wes Craven à l’écran. Cette apparition inattendu vient briser le lien qui unissait le film avec le reste de la série. Ce 7e volet emprunte un chemin légèrement différent en utilisant l’univers réaliste de notre propre monde où les 6 précédents opus ne sont considérés que comme des films de fiction. C’est cette divergence avec le reste de la série qui rend le film attrayant. On nous montre l’envers du décors de la série. On suit Heather Langenkamp dans sa vie d’actrice. Elle assiste à des conférences sur la saga de Freddy. Elle rencontre des gens du milieu dont le producteur, réalisateur et acteur du film original. D’ailleurs, on ne peut que s’émerveiller en voyant le vrai Robert Englund sans qu’il joue nécessairement un rôle, même s’il joue un double rôle dans ce cas-ci, lui-même et Freddy Krueger. Pour continuer dans les éléments réflexifs, on retrouve également le processus de scénarisation du propre film. On le remarque d’ailleurs dans une scène où Heather Langenkamp rencontre Wes Craven. Il est clairement démontré à la fin de cette scène que toute la conversation que les deux personnes viennent d’avoir, fait partie du scénario de Wes Craven dont il était en train d’écrire. On peut également voir une autre scène où Heather est directement en train de nous lire dans le scénario, la scène que nous voyons à l’écran. Cette méthode réflexive est autant plus efficace avec la dernière scène du film où l’actrice est en train de lire la première scène du film. Le réalisateur s’amuse donc à intégrer des parties de la réalité dans son histoire, ce qui fait une trame narrative totalement original et hors du commun.
Malgré la bonne volonté de Wes Craven, on ne pas dire qu’il se réinvente totalement au niveau des meurtres et des rêves. En effet, le réalisateur réutilise de la vieille marchandise que nous avions déjà vu dix ans plus tôt dans l’opus original. Le film fait littéralement un retour au source en réutilisant le même réalisateur, les mêmes acteurs et également plusieurs scènes classiques mit au goût du jour qui feront la joie de tous les partisans de la série, surtout ceux qui n’ont pas aimé les précédents épisodes. Par contre, le réalisateur a réussi à faire renaitre Freddy en un personnage plus sombre et plus méchant. Je dirais même hors de tout doute que c’est dans ce film qu’on a droit à la meilleur prestation de Robert Englund dans son rôle fétiche. Ce denier ne fait plus de blagues en tuant les gens mise-à-part quelques jeux de mots qui peuvent prendre des tournures assez effrayantes. La plupart des scènes d’horreur nous laisse dans la tension et jamais une seule fois dans le film, on ne tombe dans la comédie. La plupart de ceux-ci sont très réussit et on peut facilement remarquer que Wes Craven s’est grandement amélioré dans sa réalisation en dix ans.
Comme le vilain petit canard, "Le Cauchemar insolite de Wes Craven" s’est transformé en beau grand cygne. Comme on le dit si bien dans le film, il n’y a que le créateur lui-même qui est capable de ressusciter Freddy. Le film reste inférieur à l’original tout en gardant une certaine fraîcheur dans son scénario nouveau genre. Un modèle qui reprendra quelques années plus tard et qui lui vaudra encore un grand succès.