Quel gâchis !
Si le côté méta était intéressant sur le papier et aurait pu apporter un propos pertinent, force est de constater que Wes Craven traite son sujet n'importe comment en nous livrant un "final" de Freddy qui, qualitativement parlant, se place bon dernier parmi les sept premiers films de la saga.
Déjà, le réalisateur n'exploite pas le fait que le retour de Freddy puisse se faire hors du cadre fantastique. Heather Langenkamp a beau recevoir les appels téléphoniques d'un détraqué (fun fact : elle a réellement reçu des appels de ce genre), elle se doute très rapidement d'un véritable retour du Freddy "fantastique" : le film a beau bien prendre son temps avant de démarrer, à aucun moment Wes Craven ne laisse planer le doute sur le fait que Freddy puisse être une personne qui existe dans la vie réelle… concernant ce dernier point, Robert Englund est très mal exploité d'ailleurs. Bien qu'il fasse une première apparition plutôt cool lors d'un show télévisé (la meilleure scène du film), il disparaît d'un coup une fois arrivé à la moitié du long-métrage, juste après qu'on l'ait surpris avoir une surprenante fascination pour la peinture macabre.
Les personnages du film jouant pour la plupart "leurs propres rôles", on a droit à un passage à une explication bien naze de la part d'un Wes Craven concernant le retour de Freddy. Passage qui nous démontre avec brio qu'il est plus mauvais acteur que réalisateur tant lui-même ne semble pas croire à ce qu'il dit… par contre, il ne se prive absolument pas de faire dire à ses personnages que les autres Freddy sont nuls, à l'exception du sien bien évidement : les joies de l'autofellation en somme. D'ailleurs, concernant les acteurs qui jouent leurs propres rôles, on les retrouve tous lors de l'enterrement du mari de Heather Langenkamp (qui n'est malheureusement pas interprété par son véritable mari), à croire qu'en dehors de Freddy, l'actrice n'ait rien fait de sa carrière… ah bah du coup si.
En plus de traiter son sujet aussi bien que JoeyStarr traite ses animaux de compagnie, Wes arrive à exploiter certains clichés suréculés du cinéma… pour le coup, les scènes avec le gosse sont d'un ennui indescriptible entre les scènes de possession déjà vues et revues et son thème musical sans aucune inspiration. Le pire étant que la moitié du film tourne autour de ce même gosse.
C'est quand même ahurissant de se rendre compte que le film se voulant le plus méta se révèle en fait le moins inventif de la saga, et ce, sur tous les points… y compris les morts d'une banalité affligeante. Le premier meurtre est une resucée de la mort de Dan dans L'Enfant du cauchemar, sans animatronique, mais avec de la 3D moche à la place… heureux ? Rassurez-vous, pour le second meurtre, Freddy se contente de tuer un personnage en le faisant tomber du plafond. Même la mort de Freddy déçoit tant elle tient plus du pathétique qu'autre chose.
Il y a tout de même quelques scènes réussies, pour reprendre l'exemple de la personne tuée dans l'hôpital, la mise en scène reste quand même plutôt sympathique (seul le final est foiré quoi) ; et la scène de l'autoroute, même si elle ne rime à rien, s'en tire avec quelques bonnes idées. Il y a aussi quelques autres trucs sympas comme les griffes de Freddy qui apparaissent dans le mur suite à un tremblement de terre, et puis, même si je dois être le seul, j'aime bien le nouveau look de Freddy (j'ai une excuse, je suis daltonien).
Freddy sort de la nuit se révèle donc être un film bien trop long pour ce qu'il apporte à la saga. Si le but était de faire peur, malheureusement, c'est raté... en fait, je serais même tenté de dire que le Freddy "cartoonesque" des quatre précédents est plus effrayant, notamment parce qu'il se montre plus sadique. Heureusement, Wes Craven s'en sortira bien mieux deux ans plus tard en réalisant l'excellent Scream, bien meilleur sur tous les points, notamment sur la partie méta… à croire que Freddy sort de la nuit n'était qu'un brouillon en fin de compte.