Shawn Levy est un honnête industriel qui produit du divertissement hollywoodien honorable. Ryan Reynolds a la cote et prolonge ici son petit univers cinématographique après Deadpool et Hitman & Bodyguard – il frappe d’ailleurs le film de son sceau, soit le second degré permanent qui, dit-on, fait rire. Le jeu vidéo attirera les joueurs en salles.
Free Guy est tout cela, ne vaut que pour cela. Il est un carrefour d’intérêts populaires convergents qui donne lieu à un blockbuster ludique mais déjà-vu, la faute à une absence de partis pris et scénaristiques et esthétiques ; la mise en scène d’action singe la chorégraphie des combats que l’on trouve chez Marvel, avec moult ralentis et goût pour le plan-séquence truqué ; le ton recherche désespérément le décalage comique, ce qu’il ne réussit jamais – parce qu’un décalage supposerait de porter un regard critique sur le monde tel qu’il est représenté dans les jeux vidéo, de l’interroger et d’observer la façon qu’ont les joueurs de se situer par rapport à lui. Deux trois idées sur la liberté face à la contrainte des rôles que l’on interprète au quotidien, mais nous sommes loin de la richesse thématique d’un Lego Movie (Phil Lord, Chris Miller, 2014) ; la romance dans l’action, de même que la structure d’ensemble, emprunte à Groundhog Day (Harold Ramis, 2013) comme le faisait récemment Boss Level (Joe Carnahan, 2021).
Des influences populaires, donc, pour un pot-pourri acceptable et (vidéo)ludique.