Alors que les questions de la réalité virtuelle et de l'Intelligence Artificielle deviennent de plus en plus brûlantes dans la perspective de l'évolution de l'humanité (enfin, si celle-ci survit à la catastrophe climatique...), il faut bien reconnaître que le cinéma est très en retard pour les traiter. Peut-être doit-on imputer ce déficit au fait que la plus grande partie des réalisateurs contemporains importants sont désormais "trop vieux" pour réellement s'intéresser à ces sujets "technos". Et que les plus jeunes ne voient, on le sait, que la possibilité de réaliser des films de "divertissement"...
"Free Guy" est donc un film de divertissement : avec le nullissime Shawn Levy à la réalisation, il ne pourrait guère en être autrement, de toute manière. A partir d'un scénario qui recycle paresseusement des idées déjà vues auparavant, de "Truman Show" à "Ready Player One" en passant par "Matrix" ou "Un Jour sans Fin", et qui fait - de manière finalement très improbable - totalement l'impasse sur le vertige existentiel pourtant logique quand un personnage est confronté à sa "non-existence", Levy remplit avec difficulté son cahier des charges qui est de marier gros effets spéciaux (on reste dans la logique de violence sans réelles conséquences qui est celle des blockbusters Marvel), comédie sentimentale et comédie familiale, avec l'ami Ryan Reynolds en charge de faire ses éternelles grimaces de benêt sympathique qu'il est.
Alors "Free Guy" impressionne un peu, séduit un peu (on aime toujours autant Jodie Comer, malheureusement beaucoup moins fascinante ici que dans "Killing Eve") et fait un peu rire. Mais fatigue aussi beaucoup avec un scénario trop compliqué pour son bien, une durée exagérée (1h30 aurait bien suffit !), et un happy end final totalement improbable, assez laid et surtout sans aucun sel.
Reconnaissons à "Free Guy" une gestion habile des références et des clins d'œil à la culture geek, et un sentiment général assez ludique qui nous fait avaler les incohérences énormes du scénario. Ce n'est certes pas suffisant pour sauver le film, mais nous aura évité de sortir de là trop dépités.
[Critique écrite en 2021]