Esclavage sur mer
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le 30 nov. 2019
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C'est toujours dérangeant que l'on soit capable de dénoncer le déni de l'individu tout en continuant de le constater encore, avec cette sournoiserie de mettre en avant notre surconsommation comme garde fou.. Ce laisser-faire est un point central du film d'ailleurs, lorsque les hommes pour leur survie, en oublient la solidarité de groupe. Le premier film du réalisateur australien Rodd Rathjen marque par un ton radical et une mise en scène linéaire, au déroulement presque sans parole et à l'esthétique absente. Clin d'oeil au documentaire, si l'intrigue ne lorgnait pas vers le survival horrifique en derniers tiers, c'est à partir des mémoires de victimes, qu'il met en exergue la situation dramatique de milliers de migrants, enrôlés de force dans la pêche intensive, en Asie-du-Sud-Est. Film politique sur nos responsabilités quant aux marchés mondiaux et signal d'alarme environnemental, mais surtout dénonciation de l'esclavage moderne.
Un avenir bouché aura suffit à un adolescent à quitter son Cambodge natal pour passer en Thaïlande, espérant y trouver du travail. Il sera vendu comme bon nombre, venus chercher une vie meilleure. Sans papier, sans appui, aux difficultés de communication, le cinéaste met alors en scène une fiction pour pointer le vécu de ces hommes confrontés à la violence physique et psychologique, avec l'hypothétique espoir de s'en sortir, au moins vivant. Scènes répétitives d'un quotidien délétère pour un jeu de chat et de la souris entre un pêcheur et un jeune garçon, entre sévices et promesses, entre abnégation et révolte.
Certaines scènes à la violence frontale peuvent d'ailleurs choquer, non pas par leur violence que parce qu'elles s'insèrent dans une réalité qui dépasse certainement cette fiction. Une situation surréaliste par la facilité avec laquelle elle se met en place dérangera elle, plutôt par ce qu'elle implique de nos potentielles réactions, face à la capacité à se laisser faire ou à se battre, à se dépasser ou au contraire à sombrer dans la folie.
Un huis clos en mer pour un récit qui suivra l'évolution du jeune garçon face aux actes de barbarie perpétrés par les pêcheurs, n'hésitant pas à se débarrasser des malades ou des fortes têtes. Rodd Rathjen déroule d'une manière implacable les conséquences de leur torture et marque son métrage par une tension permanente malgré ses ruptures de tons. Un premier essai qui aurait mérité un scénario, des dialogues et des caractérisations plus complexes, voire un peu moins cliché pour certains...mais un côté jouissif à un derniers tiers d'une violence inattendue et libératrice, comme un pied de nez à la réalité.
Créée
le 14 mai 2020
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