Premier succès majeur de William Friedkin, French Connection trouve son origine dans le livre éponyme de David Moore, s'inspirant de l'enquête bien réelle des policiers Sonny Grosso et Eddie Egan survenue entre les années 60 et 70. Blindé de récompenses, le film connaîtra un succès public et critique retentissant, propulsant son cinéaste momentanément sur orbite.
S'inspirant tout autant de son expérience dans le documentaire que du cinéma européen, William Friedkin va, grâce à French Connection, bouleverser complètement le genre du film policier. Si quelques productions du genre avait commencé à utiliser une violence plus graphique, à instaurer une ambiance plus trouble, Friedkin va dégraisser au maximum son film d'éléments hollywoodien, afin d'accoucher d'une oeuvre sèche, presque anti-spectaculaire et loin de tout glamour.
Collant au plus prêt de la réalité (les deux flics jouent d'ailleurs dans le film), William Friedkin capte la ville de New York dans tout ce qu'elle a de plus crade, de plus tentaculaire, en fait un personnage à part entière, réceptacle de tous les vices et témoin d'une traque implacable. Parfaitement documenté, le metteur en scène décrit avec force et énergie chaque étape de l'enquête, repousse l'action au maximum, accélère doucement mais sûrement avant de nous coller à notre siège jusqu'à une conclusion abrupte.
Célèbre pour sa fameuse course-poursuite dont les plans en vue subjective auront été réalisés sans filet par un Friedkin mettant en danger sa propre vie et surtout celle des autres (le bonhomme regrettera d'ailleurs plus tard cette décision), French Connection est surtout une description passionnante d'une longue affaire complexe.
Une oeuvre incontournable qui aura, par son mélange de réalisme, de dynamisme et de stylisation, ainsi que par son interprétation exemplaire (Gene Hackman est prodigieux dans un rôle qu'il aura eu du mal à cerner, parfaitement épaulé par son complice Roy Scheider), hissé le genre auquel il appartient à des cimes rarement atteintes.