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Juste après Copland, j’ai décidé de rester dans la sphère policière et de m’attaquer à un autre de ses classiques : French Connection. Le réalisateur William Friedkin n’était pas encore très connu en ce début de décennie des années 1970, mais ce nouveau film va définitivement lancer sa carrière. Retour sur un des films majeurs du Nouvel Hollywood.


New York, ses rues, son métro, le gris étouffant et sale d’une urbanisation écrasante, un environnement grandiloquent cachant un nombre incalculable d’événements et de tragédies. Dans cet immense dédale se mettent en place de vastes trafics qui dépassent souvent les frontières, comme celui organisé par la French Connection, organisation française qui exportait de la drogue aux Etats-Unis. French Connection vient nous raconter le quotidien de ceux qui ont œuvré tant bien que mal à la traque de ces trafiquants. Un quotidien fait de filatures qui se perdent dans la nuit et dans les quartiers les plus mal famés de la ville. Des filatures interminables qui mettent les organismes et le moral à rude épreuve, où tout peut basculer au moment où l’on s’y attend le moins.


La filature est d’ailleurs la clé du film, qui est à l’image de celle-ci. C’est une traque longue et étirée, qui provoque une plongée progressive dans l’obsession, à cause d’un jeu inlassable du chat et de la souris qui ne manque pas de provoquer des dégâts en cours de route. French Connection se manifeste ainsi, où le sens du devoir se transforme en une obsession maladive qui emporte ses protagonistes dans une spirale infernale où le premier à commettre une erreur sera définitivement condamné. William Friedkin ne se contente pas de raconter une filature, il la met en scène en structurant son récit en conséquence, pour que le spectateur voie son évolution et, surtout, ressente ses effets pour être au plus près de ses protagonistes.


Pour retranscrire au mieux cette ambiance et cet état d’esprit, William Friedkin fait appel aux codes et aux techniques du Nouvel Hollywood, en donnant à son film une allure quasi-documentaire, réaliste et immersive, qui s’inscrit dans la même lignée que le futur Serpico de Sidney Lumet. Cette proximité avec les personnages, leur authenticité ainsi que celle des décors et des situations, confère à French Connection cet aspect rugueux et très terre-à-terre. Tout est fait pour nourrir cette atmosphère empoisonnée par la paranoïa, plongeant le spectateur dans l’inquiétude et le stress qui en émane. Par ailleurs, bien que policier sur la forme et de par son intrigue, French Connection emprunte également au film noir et aux films de gangsters, en mettant certes l’enquête au cœur du film, mais en explorant tous les bas-fonds de la ville et en cherchant à mettre en lumière tous les acteurs de l’histoire, qu’il s’agisse des policiers ou des trafiquants.


Allant crescendo dans son rythme, French Connection est une véritable descente aux enfers, mêlant ennui, peur, violence, paranoïa et obsession. Prenant la forme d’une longue filature, il en décrit toutes les étapes et tous les enjeux, pour mettre en lumière les coulisses méconnus d’une affaire de trafic de drogue sans précédent. Collant le plus possible à la réalité, crasseux, gris et baignant dans la morosité et l’obscurité, French Connection est un polar exemplaire qui révolutionne et réactualise le genre pour, aujourd’hui encore, être un classique du genre.

JKDZ29
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le 16 déc. 2017

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JKDZ29

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