Frère des ours
6.7
Frère des ours

Long-métrage d'animation de Aaron Blaise et Bob Walker (2003)

Franchement, c'est du travail propre. Bien dessiné, bien storyboardé, bien animé...

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Mais déjà, visuellement, malgré la beauté des grands espaces nord-américains, on s'ennuie très vite par manque criant de variété.

Quand on a vu une centaine de très grandioses fonds montagneux nappés d'une superbe lumière orange très poster, on est blasé, c'est terrible d'avoir su si peu varier les ambiances et les environnements.

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L'équipe de réalisation semble avoir fait le choix de tout situer dans des espaces où il y a :

des superbes montagnes nord-américaines très belles au fond, et en avant-plan des parois rocheuses à escalader ( et d'où tomber ), des lacs et des rivières tumultueuses entre des berges bien encaissées comme il faut pour bien être emporté dans les rapides, mais EN MEME TEMPS ( comme dit l'autre ) des forêts très riches, des parois de glace, et même - allez, why not ? - une sorte de banquise.

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Tout ça concentré bien pratique, les personnages humains et animaux n'ont qu'à faire un pas et hop !, ils sont là où ça arrange le réal.

...réal qui, malheureusement, ne semble pas s'être dit "mais ça va être très lassant d'avoir toujours ce même cocktail visuel, quasi-toujours la même lumière ( si jolie soit-elle ), et puis ça va tuer la sensation de distances, de grands espaces, et trop de richesses rassemblées tue les richesses, ça finit par faire artificiel comme un environnement reconstitué, une sorte de mountain-land..."

Non, il ne s'est pas dit ça.

En plus ça permet de montrer des sortes d'amérindiens génériques pouvant mixer un côté quasi-unuit avec des aspects presque indiens des plaines, mais dans la montagne. Hum...FBI, moi j'dis.

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Pour en finir avec l'apparence, disons que le compositing informatique est très soigné, très propre, mais trop appliqué, trop lisse, sans style ni invention, ce qui, paradoxalement le fait paraître cheap, alors que non, il y a là un boulot d'enfer... dommage.

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Le fond maintenant :

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ça raconte à priori des choses méritoires, puisqu'il est question de respecter nos amies les bêtes ( et d'être moins bêtement agressifs ). Et d'évoluer un peu, intérieurement.

Comment ne pas être d'accord ?

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C'est assez lourdement fait, hélas.

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Déjà, c'est clairement un film de mecs.

C'est fou !

Sur la vingtaine de personnages ( humains et animaux ), il y a 3 personnages féminins.

...ça situe...

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- La plus bavarde des trois est une vieille amérindienne visiblement en charge de toute la spiritualité de la tribu ( ce qui permet aux autres de ne pas s'en soucier ).

Elle intervient 3 ou 4 fois dans l'histoire, très cliché vieille sage animiste ( il y avait peut-être une intention de chamanisme, mais alors par quelqu'un qui ne saurait pas ce que ça signifie ), évidemment uniformément bienveillante et infaillible, ce qui n'aide pas à la rendre intéressante, les auteurs n'ayant pas jugé utile de la doter du moindre trait de caractère original.

A elle-seule, elle occupe 99% de l'espace de parole féminin.

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- Le 2e personnage féminin est une jeune épouse ourse, que nous présente son mari ( ben oui, elle ne va pas prendre la parole spontanément, quand même ! elle connait sa place ), il nous dit que tout baigne depuis un an qu'ils sont ensemble, et elle a droit d'ouvrir la bouche juste pour confirmer qu'elle adore son mari ( sachant que les ours mâles sont tellement tarés et dangereux que les ourses ne les fréquentent que le temps de copuler, et qu'ils sont un danger redoutable pour les oursons - ceux des autres ou les leurs, ils s'en foutent - s'ils peuvent ils les tuent pour que la femelle soit plus vite dispo pour re-copuler - on rigole un peu en voyant vanter l'amour conjugal durable du couple )

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- Le 3e et dernier personnage féminin est une maman ourse, qui crie juste une fois le nom de son fiston, si mes souvenirs sont bons.

Voilà voilà.

On ne vas pas s'emmerder plus avec les bonnes femmes, hein ? On reste entre mecs.

Autant dire que le film ne passe pas le célèbre test dont j'ai oublié le nom.

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Bon, alors, les mecs ils font quoi ?

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Il y a trois frères :

- un grand frère gentil et peut-être pas trop bête mais zut, il meurt direct ;

- un moyen assez crétin de base, qui semblait un peu trop sensible au début mais décide de devenir un gros bourrin.

- un jeunot très crétin, qu'on va (hélas ) suivre tout du long, et avoir la chance de le voir "évoluer" finalement - mais vraiment "finalement", hein, faudra patienter jusqu'au bout ! et uniquement contraint et forcé.

Et il y a aussi un ourson gentil, perdu et en manque de frangin. Mignon mais pas renversant.

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Pour situer les relations viriles, la gestuelle la plus fréquente du film, c'est chaque fois qu'un grand frère coince son petit frère avec un bras autour du cou et lui frotte vigoureusement le crâne avec son poing ( contre son gré ). Vous voyez, ce truc "bro" cheulou, mi-pote mi-humiliation que je n'ai jamais vu ailleurs que dans les films ricains ?

Là ça arrive tout le temps, ils ne s'en lassent pas, et même un grand frère élan le fait à un moment à son frérot orignal, avec le sabot, c'est dire si c'est universel et même inter-species. Trop cool ! Les animaux sauvages adoptent nos comportements les plus cons !

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Bon, à part ça il y a plein de rebondissements d'action bien comme il faut, mais sans grande portée, et l'autre truc qui revient sans cesse :

tomber dans des précipices

( c'est le GRAND truc du film, c'est pourquoi je l'ai écrit en GRAND )

...ben oui, on a des montagnes, des falaises et des canyons partout, fallait les rentabiliser...

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Sérieux, je ne suis pas contre une petite chute vertigineuse de temps en temps - et même une petite suspension avec les phalanges crispées au bord du gouffre, ne boudons pas les bonnes vieilles recettes de mamie - mais là, c'est si répétitif qu'on se surprend à scanner le décor en se demandant d'où ils vont tomber cette fois.

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Ah, et puis :

Le fantastique: bon, on a dit que la tribu était clairement animiste, et sans grande surprise où vont les âmes des morts ?

Dans le ciel.

( pas dans des vertes prairies, ni dans des forêts, dans le ciel, comme de bons chrétiens, mais les animaux aussi )

Avec une invention que je n'avais pas vue ailleurs : les âmes des morts ( pardon, leurs "esprits" ) squattent les aurores boréales. Voilà, il y a donc au moins une idée dans ce film.

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Dommage, en revanche, les effets spéciaux visuels sont tous assez moches, sans style ( le design et le compositing peu inspirés ).

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Franchement : groumf.

moranc
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