Tasteful love
Après le funèbre Et le Diable rit avec moi sorti en 2018, Rémy Barbe revient à la réalisation pour nous narrer une nouvelle déception amoureuse avec Friandise. Prenant place dans un foyer bourgeois,...
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le 3 janv. 2022
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FRIANDISE est le retour à la réalisation de Rémy Barbe, du collectif « Les Films de la Mouche », 3 ans après son précédent court-métrage ET LE DIABLE RIT AVEC MOI. Ces œuvres se rapprochent par leur illustration de l’amour et notamment de son altération. Leur finalité divergera cependant, là où ET LE DIABLE RIT AVEC MOI s’enfonçait inexorablement dans la noirceur et la violence, laissant place à la folie, FRIANDISE adoucit par une juste dose de poésie, de lumière et d’espoir, autant à ses protagonistes qu’à ses spectateurs.
Le couple qui nous ait proposé vit dans l’opulence, le luxe, entouré d’un environnement d’un baroque assumé, ultra coloré virant occasionnellement vers le kitsch exagéré et risible. Léon est un cuisinier étoilé, ayant raflé bon nombre de distinctions, donc la notoriété emplit autant la salle à manger que son estime de lui. Adélaïde, sublime et douce compagne, est une chanteuse lyrique, alternant entre opulence théâtrale et culinaire.
Autrefois unis dans leur amour par leur passion pour la nourriture, leur relation se retrouve emprise d’une certaine lassitude à mesure que le palet autant que leurs sentiments se ternissent. Comme l’expression d’une gloire passée, les nombreuses récompenses de Léon tapissent les murs de leur salle à manger, pièce centrale de leurs relations, où siège une table monumentale, où assis à ses extrémités, ils se livrent une sorte de joute orale par des répliques sèches sous-lignant un profond mal-être au sein de leur couple.
Tandis que Léon s’évertue à retrouver son renom passé, autant professionnellement que par le biais de l’approbation de sa femme, Adélaïde cède à un certain désenchantement, l’amour flétrit, l’opulence et l’excès ne deviennent que l’illustration d’un dégoût intime.
Chapitré à la manière d’un menu gastronomique, ce court-métrage suit la décadence de cette union, où le spectateur, à l’image de Marco, commis de Léon, se retrouve frêle observateur du déclin d’un amour et d’une notoriété jadis certain.
Sur fond de musiques baroques, clavecins, violons et violoncelles donnent à l’image une richesse assumée.
FRIANDISE se distingue cependant par sa poésie emplie de douceur, où l’orgie et l’excès deviennent reine et roi. Dans cette poursuite effrénée d’un amour enseveli, nos deux protagonistes ne se retrouveront qu’en consumant leur affect et leur passion.
Le spectateur y est observateur omniscient, son œil et son oreille se portent sur la décadence tragique de cette union, parsemée de fulgurances visuelles et textuelles.
Concocté à la manière d’un met des plus délicieux, fascination, excès et déraison constituent les ingrédients clés d’un plat remarquable d’efficacité et d’impact visuel.
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Créée
le 23 janv. 2022
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