Friandise
7.8
Friandise

Court-métrage de Rémy Barbe (2021)

FRIANDISE est le retour à la réalisation de Rémy Barbe, du collectif « Les Films de la Mouche », 3 ans après son précédent court-métrage ET LE DIABLE RIT AVEC MOI. Ces œuvres se rapprochent par leur illustration de l’amour et notamment de son altération. Leur finalité divergera cependant, là où ET LE DIABLE RIT AVEC MOI s’enfonçait inexorablement dans la noirceur et la violence, laissant place à la folie, FRIANDISE adoucit par une juste dose de poésie, de lumière et d’espoir, autant à ses protagonistes qu’à ses spectateurs.


Le couple qui nous ait proposé vit dans l’opulence, le luxe, entouré d’un environnement d’un baroque assumé, ultra coloré virant occasionnellement vers le kitsch exagéré et risible. Léon est un cuisinier étoilé, ayant raflé bon nombre de distinctions, donc la notoriété emplit autant la salle à manger que son estime de lui. Adélaïde, sublime et douce compagne, est une chanteuse lyrique, alternant entre opulence théâtrale et culinaire.


Autrefois unis dans leur amour par leur passion pour la nourriture, leur relation se retrouve emprise d’une certaine lassitude à mesure que le palet autant que leurs sentiments se ternissent. Comme l’expression d’une gloire passée, les nombreuses récompenses de Léon tapissent les murs de leur salle à manger, pièce centrale de leurs relations, où siège une table monumentale, où assis à ses extrémités, ils se livrent une sorte de joute orale par des répliques sèches sous-lignant un profond mal-être au sein de leur couple.


Tandis que Léon s’évertue à retrouver son renom passé, autant professionnellement que par le biais de l’approbation de sa femme, Adélaïde cède à un certain désenchantement, l’amour flétrit, l’opulence et l’excès ne deviennent que l’illustration d’un dégoût intime.


Chapitré à la manière d’un menu gastronomique, ce court-métrage suit la décadence de cette union, où le spectateur, à l’image de Marco, commis de Léon, se retrouve frêle observateur du déclin d’un amour et d’une notoriété jadis certain.
Sur fond de musiques baroques, clavecins, violons et violoncelles donnent à l’image une richesse assumée.


FRIANDISE se distingue cependant par sa poésie emplie de douceur, où l’orgie et l’excès deviennent reine et roi. Dans cette poursuite effrénée d’un amour enseveli, nos deux protagonistes ne se retrouveront qu’en consumant leur affect et leur passion.


Le spectateur y est observateur omniscient, son œil et son oreille se portent sur la décadence tragique de cette union, parsemée de fulgurances visuelles et textuelles.
Concocté à la manière d’un met des plus délicieux, fascination, excès et déraison constituent les ingrédients clés d’un plat remarquable d’efficacité et d’impact visuel.

Gasp56
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 2021 et Courts-métrages

Créée

le 23 janv. 2022

Critique lue 232 fois

4 j'aime

Gasp56

Écrit par

Critique lue 232 fois

4

D'autres avis sur Friandise

Friandise
tzamety
9

Tasteful love

Après le funèbre Et le Diable rit avec moi sorti en 2018, Rémy Barbe revient à la réalisation pour nous narrer une nouvelle déception amoureuse avec Friandise. Prenant place dans un foyer bourgeois,...

le 3 janv. 2022

3 j'aime

Du même critique

Perfect Blue
Gasp56
8

Perfect Blue porte bien son nom

Perfect Blue est l’histoire de Mima, une jeune chanteuse et idole d’un groupe de J-pop, les Cham. Mima décide avec son agent et sans l’approbation de ses fans de quitter son groupe célèbre pour se...

le 14 déc. 2020

2 j'aime

T'es morte Hélène
Gasp56
9

Reste avec moi

Perdre l’être aimé. Sûrement une des situations les éprouvantes que l’on puisse vivre au cours de sa vie, perdre ses sens et ses émotions, la vie n’a plus de saveur, le passé nous aliène et l’enfer...

le 17 févr. 2022

1 j'aime

1

Elle
Gasp56
6

Critique de Elle par Gasp56

France, années 70. Un père de famille à la vie classique et sans remous (Georges Leblanc) commet une série de meurtres effroyables, incompris par sa femme et sa jeune fille. Emprisonné depuis lors,...

le 14 déc. 2020

1 j'aime