En 1931, Dracula se nourrissait de vierges : après l'an 2000, il serait mort de faim !
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J'eusse aimer que vous vinssiez le premier apprécier mon commentaire de cette déclinaison de l'imparfait du subjonctif par Fernandel, mais trop tard, un autre (1) l'a déjà fait ! Nostalgie : comme ces subtilités de la langue française furent un régal ! A l'image du film du reste que j'ai trouvé de plus adorable...
Commençons par son titre que les moins de vingt ans ne connaissent pas comme "casse" et qui signifie : "Effraction, cambriolage avec effraction (2).
Puis avec cette morale sous-entendue : l'amour triomphera toujours de tout, même de la crainte de la mort... Le roman à l'eau de rose et la bibliothèque de même couleur existent-ils toujours de nos jours ?
Ensuite avec ce retour vers un passé des années trente que les moins de quatre-vingt-dix ans n'ont pu connaître...
Aussi cette pellicule superbement restaurée aussi jolie en encore plus neuves que les neuves sortant des laboratoires Eclair de l'époque, et ayant subi ensuite les affres dues à la distribution artisanale : manque de soins ou bricolages de certains projectionnistes de salles de cinéma... Comme jadis "Mickey à travers les siècles, télé-transportons-nous dans ce monde des années melleures, celles des trente (mille neuf cent au cas où...)
Enfin, quel brio époustouflant de ce spectacle pour l'époque, du gratin d'acteurs merveilleux et réputés, qui nous font une superbe démonstration de leur talent, chacun dans sa spécialité.
Une interrogation : à la veille de la seconde guerre mondiale, dans quel état d'esprit la création et l'appréciation de ce film se sont-elles déroulées ?...
Rétro :
" Un "cave" (en argot Celui qui se laisse duper ; qui n'est pas du « milieu »(2) dont le métier est joailler, est dans le collimateur amoureux de la fille de son patron mais n'en veut pas. Il a été séduit par la sulfureuse allumeuse (dont la virginité n'est qu'un lointain vestige ) d'un couple d'escrocs associés qui plume tout les gogos qui passent à leur proximité. La belle Loulou (merveilleuse et craquante Arletty qui n'était pas encore tombée sous le charme réel d'un bel officier envahisseur allemand de la seconde guerre mondiale) est la "régulière" d'un taulard qui lui intime de lui fournir de l'oseille... D'où la naissance d'un projet de fric-frac, c'est à dire cambriolage qui se déroulera en toute amitié...
Une histoire bien naïve dans le monde d'aujourd'hui, mais elle en est d'autant plus attendrissante.
L'autre côté du miroir aux alouettes était moins rose...
Maurice Lehman (1895-1974) signe la réalisation pour ses droits d'auteur mais selon les confidences d'Arletty, c'est Claude Autan-Lara ((1901-2000) (qualifié de collaborateur technique au générique) qui s'occupait de tout... Le premier, pensionnaire de la Comédie-Française de 1916 à 1919. acteur, metteur en scène, producteur français, dirigea nombre de théâtres parisiens du XXe siècle : Porte Saint-Martin, Ambigu, Renaissance, Mogador, Empire, Edouard VII, Châtelet...
Ce n'est donc pas surprenant de voir que ce film dont il est aussi le producteur, est tiré d'une pièce de théâtre éponyme d'Édouard Bourdet,de1936. D'où son côté huis-clos et peu propice aux grands espaces du cinéma, et qui limitent le champ d'action de ce tournage...
Lehman qui ne sera crédité que de quatre films comme réalisateur, sera promu commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur en 1970...
Claude Autant-Lara, né Claude Autant, était lui scénariste, costumier, directeur artistique et accessoirement acteur.
Autre anedocte : l’ambiance bon enfant, burlesque, comique de cette troupe théâtrale de "pieds-nickelés" (3) était loin d'être celle du plateau de tournage ! Michel Simon et Fernandel s'entendaient comme chien et chat ! Rivalités d'artistes pour être le meilleur des deux ?
Entre un Michel Simon qui se plaisait à improviser et un Fernandel psycho-rigide rêvant d'être meilleur que tous les autres "comiques" l’ambiance n'était pas toujours à la joie. D'ailleurs les deux acteurs n'ont jamais plus tourné ensemble. Il est même à croire que quand Jojo, alias Simon, se livrait à des grandes déclarations de tendresse vers son ami Marcel, il est à croire que les scènes étaient plus enregistrées en solo qu'en duo !
Qu'importe, l'illusion y est et nous, on assiste à un film un peu magique...
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1) PierreAmo (2) Le Robert (3) Ancienne BD