Fright Night
5.2
Fright Night

Film de Craig Gillespie (2011)

Grâce, ou à cause de Twilight, les vampires sont revenus à la mode. Depuis quelques années, on en bouffe jusqu'à plus faim et même si parfois les surprises sont assez savoureuses, il y a d'innombrables déchets, dont la saga inventée par Stephenie Meyer. Néanmoins, après des films comme 30 jours de nuit ou Daybreakers, on peut espérer avoir un film de vampires qui tient la route et qui demeure intéressant. Sauf que lorsqu'il s'agit de remake, on est beaucoup plus méfiant, surtout quand il s'agit de films cultes comme Vampire, vous avez dit vampire ?.


On pourrait se poser plein de questions quant à la sortie de ce remake : volonté opportuniste ? Réel travail de réalisateur ? Manque d'inspiration pour mettre des vampires sur le devant de la scène ? Quoiqu'il en soit, le suceur de sang fait vendre (mais pas les sangsues !) et il est donc logique de voir débouler des versions dépoussiérées des films d'antan. Mais que vaut vraiment ce remake ? Supérieur ou inférieur à l'original ? Colin Farrell peut-il rivaliser face Chris Sarandon ? Arrêtons de nous faire du mauvais sang et plongeons dans ce film.


Il est bon de rappeler tout de même le scénario du premier film. On suit Charlie Brewster, un adolescent à qui tout réussit. Jusqu'au jour où un nouveau voisin vient s'installer et il se trouve que ce voisin est un charmant vampire qui aime sucer le sang de jeunes et belles femmes. S'engage alors un combat psychologique et physique entre Charlie, le vampire, l'assistant du vampire, l'ami de Charlie transformé en vampire et un vieil acteur qui chassait les vampires dans une série télé. Il faut dire que le film de Tom Holland était foutrement sympathique et que les acteurs étaient vraiment excellent. Le genre de film des années 80 qui respire la nostalgie et qui ne souffre pas trop des affres du temps.
Dans ce remake, on a à peu près la même chose, sauf que tout est aseptisé, que tout sent bon le puritanisme, que tout sent bon l'homme sans poils qui prend soin de son corps en se frottant dans sa douche et en se léchant les lèvres. Bien entendu, je blague un peu quand je dis cela, mais il faut dire que le remake est très décevant par rapport au premier. L'histoire est remise au gout du jour, avec les nouvelles technologies, les personnages sont dans l'air du temps, avec leur dégaine gothique (pauvre Peter Vincent) et les scènes d'action sont plus au rendez-vous. Seulement, tout cela fait faux. C'est peu comme Desperate Housewives mais avec un vampire dans le quartier qui ferait tomber les nanas et le fils de l'une des habitantes qui veut le tuer. Bref, il est toujours plus facile de faire un remake plutôt que de trouver un scénario vraiment original.


Le premier métrage signait presque une rupture avec les films de vampires, parce qu'il proposait un vampire dans un monde actuel et surtout dans une ville, en milieu urbain, tout en gardant ce qui fait le charme d'un vampire (croix, ail, jour, défense d'entrer dans une maison s'il n'est pas invité). Aujourd'hui, tous les jeunes gens sont rompus à ce style, notamment à cause des soupes Twilight et consorts. Ce n'est donc une nouveauté pour personne et on regrettera surement ce manque de prise de risque. Seulement, le premier réussissait à garder une ambiance gothique, sombre, brumeuse et il faut dire que la prestation de Chris Sarandon y jouait énormément, mais dans ce remake, l'ambiance est aussi dans l'air du temps, c'est-à-dire vide et creuse, superficielle. Je pense que Craig Gillepsie, le réalisateur (qui n'a pas grand-chose d'intéressant à se mettre sous les yeux niveau réalisation), a voulu prendre tout ce qui faisait la réussite de Twilight et de transvaser le tout dans son histoire de vampire. Ainsi, des décors jusqu'au personnage, rien ne marque, rien n'est intéressant. Quand on voit ce qu'est devenu le personnage emblématique de Peter Vincent, une sorte de pseudo gothique asexué, magicien de pacotille et vulgaire, on voit bien que le public ciblé est un public jeune, voir féminin, comme en atteste la présence du beau mais commun Colin Farrell.


Il est très difficile de succéder à un acteur qui a la classe. Si on prend Jean Gabin par exemple, personne ne lui arrive à la cheville aujourd'hui. C'est un peu pareil pour Chris Sarandon, acteur américain de talent et c'est à Colin Farrell de lui succéder dans ce film. L'affaire n'est pas simple et il faut dire qu'il ne s'en sort pas très bien. Si jouer un vampire implique de prendre un air de gros con, en fronçant légèrement les sourcils, en arquant un pseudo rictus et en se pourléchant les lèvres de manière suave, alors Rocco Siffredi est un vampire.
Sans déconner, j'ai eu l'impression de voir un acteur porno dans un film pour adolescent. Le contraste est assez choquant et Colin Farrell donne l'impression d'être un gros lourdaud. C'est dommage, parce que malgré son charisme de poulpe, il reste un acteur assez satisfaisant en général. Maintenant, parlons d'Anton Yelchin. Il faut m'expliquer comment un gars avec sa tronche et son physique peut plaire à tant de nanas et que tout lui réussisse ? Non mais c'est vrai. Il n'est pas du tout charismatique, il est moche et en plus il joue relativement mal. A la rigueur, il était plus convaincant en astronaute russe dans Star Trek. Bref, il est très loin de la performance de William Ragsdale. Et puis sa copine, la blonde de base, maigre comme un clou et aussi charismatique d'Arielle Dombasle. Non mais sérieux, c'est ça la mode aujourd'hui, des filles plates, montrant le début de leur raie du cul quand elle se baisse ?
Enfin, j'évoquerai David Tennant, ridicule en Peter Vincent gothique et qui rend le film encore plus bête que ce qu'il n'était déjà.


Je me souviens encore dans le premier film d'avoir été surpris et même agréablement surpris par les effets spéciaux et les phases de transformation. Les bouches agrandies, la transformation complète de Chris Sarandon, la mort de son acolyte, la transformation en loup de démon, tout cela sentait bon les trucages maison, mais c'était foutrement bien fait et on y croyait vraiment. L'ère est au numérique, et forcément le film n'y échappe pas. Du coup, les effets spéciaux sont tous en images de synthèse et on y croit de moins en moins. Les transformations de Colin Farrell en vampire ne sont guère convaincantes, montrant un vampire plus proche de la sangsue à patte que d'une créature maléfique, puis les quelques effets gores parsemant le métrage ne sont rien de plus que des passages volontairement mis en avant pour sustenter le public avide de sensations fortes. Le combat entre Charlie et son ami devenu vampire est lassant et ressemble vraiment à ce que l'on voit dans les films Disney ou Marvel. La fin ne suscite rien de vraiment intéressant, ni peur, ni humour, et on ressent le film comme un moment opportuniste de faire un maximum de blé autour de la bête à canines.


Au final, Fright Night est un remake vraiment décevant. Aussi impersonnel que molasson, le film se veut tendance et à la mode, mais il ne suscite aucune émotion et aucun effort de la part du spectateur. Dans l'air du temps, il propose un film pop-corn, aseptisé et où la réflexion passe après le divertissement. C'est un peu le Transformers version vampire, c'est beau, ça pète, mais c'est con comme ses pieds. Les jeunes d'aujourd'hui y trouveront peut-être leur compte, personnellement, je me suis ennuyé et on est bien loin de l'image du vampire que je me suis faite. Bref, jetez-vous sur l'original, c'est beaucoup mieux !

Blockhead

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