Remake, vous avez dit remake ?
Si les Américains n'ont absolument aucun talent pour faire des remakes de films étrangers, ils nous étonnent en revanche constamment — en bien ou en mal — lorsqu'ils touchent à leurs films cultes vintage, surtout lorsque le genre est l'horreur/épouvante. On se rappelle de Freddy qui avait été honteusement transformé en un pédophile fadasse, mais aussi de Jason, qui quant à lui avait été plutôt bien transporté dans le 21ème siècle par Marcus Nispel. Malheureusement, en terme de qualité nous sommes ici plus proche du tueur aux gants de ciseaux que de celui à la machette. Twilight est passé par là, et l'impression s'en fait très vite ressentir — tout du moins en ce qui concerne l'esthétique, aseptisée et artificielle.
Chris Sarandon, l'acteur original qui incarnait Jerry le vampire, avait évidemment un certain charme, mais il est évident que le choix de Colin Farrell, ainsi qu'une communication qui ne tourne qu'autour de sa personne — en débardeur et sourcils en Λ — ont été élaborés afin de surfer sur la vague vampire beau-gosse, même si Farrell a depuis longtemps dépassé le stade de l'éjaculation précoce. Ça n'est certes qu'un détail, mais en plus de cela les scénaristes ont été incapables de donner une once de saveur à leur oeuvre, bien qu'ils en aient repris certains passages, qui ont été, comme vous vous y attendez, édulcorés au possible. Il suffit de comparer les deux scènes de la discothèque pour se rendre compte à quel point ça l'a été, le massacre des videurs ayant été tout bonnement... supprimé. Pour le reste la première heure est molle comme du nougat oublié sur la plage arrière d'une Punto lors d'un été caniculaire, et pour ce qui est de l'humour, c'est aussi vide que des fûts de bière après un teknival. Finalement, ça se réveille dans la deuxième partie, juste après une course poursuite nocturne en voiture, clairement réussie, qui sera la seule chose que l'on gardera en mémoire après le visionnage de la pellicule.
Bref, Fright Night passe totalement à côté du film qu'il singe, oubliant le second degré, le grand guignol, le gore, l'absurde, et se contente simplement de tenter quelques spookie-times à peine dignes de Scream, et la destruction des vampires est passée de la liquéfaction bien dégueulasse à une combustion instantanée façon Blade; c'est triste.
Fright Night, l'original (ou Vampire, vous avez dit vampire ? en français), n'était certes qu'un happy teenage pop-corn horror movie, mais il savait dans quelles eaux il nageait, alors que celui-ci se cherche désespérément, sans jamais vraiment trouver sur quel pied danser, si ce n'est celui de l'action pure et dure durant sa dernière partie, bien qu'elle ne soit que peu inspirée. Tout ce qu'auront trouvé les scénaristes pour apporter une touche de second degré est l'allure nonchalante de Colin Farrell, mais l'on aurait aimé que l'ensemble soit un peu plus conséquent, et surtout que le personnage de Ed, très présent dans le premier, et interprété ici par l'excellent Christopher Mintz-Plasse, ait eu le droit à un peu plus qu'une vingtaine de minutes à l'écran.
Finalement, on sera davantage tentés lors des soirées d'Halloween de ressortir l'original de la vidéothèque que ce remake qui ne méritera d'être vu qu'une fois. Certes une part de nostalgie influencera ce choix, mais même sans cela, cette version ne dispose pas de la touche loufoque qui faisait de l'original une oeuvre particulière.
Pour conclure, les kids qui ne connaissent pas l'original ou les midinettes accrocs au bel Irlandais auront là ce qu'ils recherchent, même si dans un an ils le décriront déjà comme un « vieux film ». Les aficionados des comédies horrifiques à la sauce eighties auront quant à eux du mal à accrocher à cette production lyophilisée, désincarnée, et massivement orientée tout public.
Mention spéciale pour Colin Farrell, revenu depuis quelques temps sur les devants de la scène, et qui réaffirme ici son statut de mec cool et mignon, mais pour combien de temps ?