Les Aventures d'un étron maléfique
Ou "les Zombies partouseurs", ou "le Guide du Petit Cronenberg illustré".
"Frissons" ("Shivers") doit être précurseur de 1001 trucs.
Déjà, le film date de 1974, tout droit sorti du cerveau malade d'un Cronenberg encore débutant, dont les idées assez géniales ont probablement été repompées avec intelligence par Don O'Bannon, pour le mythique Alien sorti 5 ans plus tard, avec un monstre un peu plus présentable dont le design fut réalisé par le duo Giger/Moebius.
Et pourtant la créature diabolique de "Frissons" est tout aussi marquante (et largement plus que la chose de "The Thing" à mon sens), ça n'est ni plus ni moins qu'un mix entre un zgueg et une crotte, qui se balade ni vu ni connu j't'embrouille dans les différents appartements d'un hôtel coupé du monde et vivant en autarcie.
( Screen de la bête : http://cdn.mos.totalfilm.com/images/s/shivers-630-75.jpg ).
Et a quoi reconnait-on un contaminé dans "Frissons" ?
A sa furieuse envie de sauter tout ce qui bouge.
Cronenberg ce grand fou, invente les premiers zombies lubriques, pour boucler son film logiquement sur une partouse générale hilarante et assez sidérante où tout se mélange dans un grand bordel WTF: jeunes/vieillards/enfants (attention ça n'est pas montré, simplement sous-entendu)/couples incestueux/gays/lesbiens/hétéros/Pourquoi pas zoophile ou encore nécrophile?... Cronenberg n'a décidément aucun complexe, et peur de rien, surtout pas du mauvais goût.
Et très clairement, le film est passionnant, car malgré son côté série Z totalement fauchée, il est incroyablement maîtrisé, formidablement bien mis en scène, avec des FX étonnants (la bestiole, comme une MST qui se balade dans la poitrine, ou dans le cou de ses hôtes), et une admirable direction d'acteurs, avec des comédiens qu'on ne reverra plus jamais ailleurs, et qui bien qu'étant assez approximatifs, réussissent à être attachants dans leur lutte totalement absurde pour leur survie sexuelle.
Le film préfigure déjà toute la carrière à venir de Cronenberg, mais avec une fougue, une audace, une jeunesse bien plus prononcée que dans ces films ultérieurs à mon goût, qui sont trop souvent assez lourds, pesants, assez chiants pour ne pas dire gonflants (Très mauvais souvenir personnel du festin nu, de faux semblants, de dead zone, voire de crash par exemple).
Et ça pue l'érotisme à plein nez, Cronenberg a toujours fait des films de gros pervers malsains, avec déjà une fascination pour la violence de l'acte sexuel côtoyant la chair meurtrie et la mort (on pense évidemment à Crash),
Avant même d'être zombifiés, les personnages sont déjà chauds comme la braise, de l'infirmière assistante du docteur, allumeuse comme pas permis, à la copine du héros dont les tétons pointent pendant tout le film...
D'ailleurs ça n'est pas un hasard puisque le film devait initialement être érotique..
Et parlons-en de ce héros, c'est déjà le personnage génial de Jeff Goldblum dans la mouche, avant la lettre. Je trouve la ressemblance physique et thématique frappante :
Même dégaine/Même silhouette gigantesque (les deux font manifestement plus d'1m90), et dont voici le screen : http://2.bp.blogspot.com/-N3nVYMHfJdE/UERUV2Vj9CI/AAAAAAAAO9o/AuRR9eNz0sQ/s1600/frissons-02-g.jpg
Et également la même destinée donc, le héros (si tant est qu'il y ait un héros) de "Frissons" est touché par un parasite qui va peu à peu le transformer en quelque chose d'autre, après une brève période d'incubation (comme dans alien), pour devenir une bête sexuelle, et finir par muter de plus en plus violemment (avec des sécrétions de merde de la bouche et du bide, Miam).
Le film est donc absolument dégueulasse, et pourtant incroyablement fendard, malgré une introduction assez poussive, et une mise en place assez longuette, après c'est un régal de survival et un des films de "zombie" qui m'a le plus plu.