Garçons chiffons.

Il faut se souvenir que John Woo n'a réellement pu faire son premier film personnel qu'avec Le syndicat du crime, sorti en 1986. Or, il avait déjà quelques années de carrière quand il réalisa From riches to rags, qui était une énième commande destinée à mettre en valeur Ricky Hui, acteur et chanteur très connu à cette époque.

Ce dernier joue avec Johnny Koo le rôle de livreurs gentils mais bêtes, régulièrement raillés par la leur collègues et Ricky vit en plus une sorte de malédiction familiale qui lui assure, par sa grand-mère, qu'il va mourir à 28 ans, comme son père et son grand-père. Afin de profiter le plus possible des quelques mois qui lui restent, car il a 27 ans, lui et son pote décident de jouer au loto, et coup de bol, ils vont devenir immensément riches. Seulement, lors d'un moment de stress, qu'il prend pour une crise cardiaque, il consulte un médecin à côté de ses pompes et visiblement aveugle qui lui annonce qu'il a un cancer en phase terminale, ce qui est faux, mais lui y croit. Du coup, il va engager un tueur afin qu'il l'abatte pour éviter toutes souffrances inutiles.

La première partie de la carrière de John Woo est très différente de celle connue au moment de The Killer, car il n'était qu'un exécutant qui faisait ce qu'on lui disait de réaliser, que ça lui plaise ou non. Là, il n'a pas eu le choix, et réalise donc une comédie, dont le ton est assez différent de ce qu'on connait à l'Occident, avec ses personnages grimaçants qui en font des tonnes, mais parfois, ça marche, comme les angoisses de Ricky Hui à l'approche de ses 28 ans. Il forme avec Johnny Koo un très bon duo comique, dont les gags relèvent parfois du burlesque, et c'est parfois payant. Mais John Woo a sans doute inclus au chausse-pieds des parodies de films occidentaux comme La fièvre du samedi soir, Voyage au bout de l'enfer (version asile !), et même Drunken Master (avec une reprise de la musique) ainsi que des relents de scènes qu'on dirait issues de la Shaw Brothers, car n'oublions pas qu'il a été assistant de Chang Cheh.

Il en résulte une drôle de curiosité, parfois indigeste tant l'humour tire à la ligne avec même quelques références à base de pets, mais c'est sur que ça ne passera pas à la postérité quand on évoquera John Woo dans le futur.