Le film de Xavier Gens était très attendu après la sortie de A l'intérieur. Le renouveau du film de genre français semblait être lancé. Avant de sortir dans les salles françaises, Frontière(s) a traversé quelques péripéties.
Luc Besson et sa société de production Europa Corp avaient senti le bon coup et avait demandé à Xavier Gens de tourner l'adaptation de Hitman, en contre partie de la distribution de Frontière(s) au cinéma.
A quoi ressemble Frontière(s) ? Vendu comme accumulant « des scènes de boucheries particulièrement réalistes et éprouvantes », le film déçoit quelque peu. Des banlieusards commettent un braquage alors que la France s'embrase entre les deux tours de l'élection présidentielle. La poussée de l'extrême-droite pousse les Cités dans les rues et les émeutes se multiplient. C'est donc sous les cocktails molotofs que les quatre jeunes gens s'en vont gagner la frontière Luxembourgeoise, en direction des Pays Bas.
Sur la route, ils font halte dans une auberge tenue par une famille dérangeante dont Goetz (Samuel Le Bihan, méconnaissable) et Gilberte (Estelle Lefebure). Ils vont alors suivre un scénario bien connu ces temps-ci : se faire pourchasser par une bande de tarés dont le principal objectif est de vous embrocher sur un crochet de boucher (d'où la boucherie).
Eliminés les uns après les autres, la bande se restreint à sa seule rescapée, Yasmine (Karina Testa) qui découvre petit à petit le sombre destin qui lui est réservé.
Le seul intérêt de Frontière(s) se concentre sur sa nationalité. Pour un film français, le métrage de Xavier Gens se distingue mais se présente comme un déjà-vu.
Le survival à la Délivrance, ce n'est pas un péché, encore faut-il amener de l'originalité au genre. Le film prend un contexte original (une vague d'émeutes, des jeunes désœuvrés) mais ne l'exploite quasiment jamais. Reste les « scènes de boucheries », bien présentées mais totalement bousillées par les cris/couinements des victimes. Cette volonté de créer le malaise et la répulsion du spectateur insupporte plus qu'autre chose, surtout quand les bourreaux se mettent à crier plus fort que leurs victimes.
Le film se rattrape vers une montée soudaine de l'action dans le dernier tiers du film. Karina Testa se métamorphose et propose une interprétation bluffante dans un bain de sang final bien sympathique, justifiant son interdiction aux moins de 16 ans.
Bref, Frontière(s) se présente globalement comme un pétard mouillé, arrivé après la bataille qui a vu sortir des Saw, Hostel ou même Calvaire pour les productions européennes.