Aux Frontière(s) du bon film...
Je suis très embêté pour parler de ce film. Tout d'abord, parce que le cinéma français, cette fameuse exception culturelle, n' jamais été réputé pour son cinéma de genre (même si cela évolue depuis quelques années), que lorsqu'un bon réal apparaît, il se trouve vampirisé par Hollywood, qui a la force de persuasion qu'on lui connait (un indice: elle se mesure en dollars américains).
D'autre part, parce que Frontière(s) est vraiment honnête dans son genre, avec, mention spéciale, une photo assez spectaculaire. Et que le film est sans compromis quant à la violence et épargne peu le spectateur. Bref, une initiative atypique, avec des moyens, de l'ambition... Un parfait ambassadeur potentiel du genre en France?
Oui, mais... Il y a des détails qui fâchent... (SPOILERS Inside)
1/ Ce film est une compilation sans vraie grande imagination des meilleurs survivals made in USA... Les emprunts à Massacre à la Tronçonneuse sont légions (la famille de détraqués, le cannibalisme, le boucher, l'ancêtre "momifié")... Delivrance n'est jamais loin. Et l'on peut encore en aligner un certain nombre (House of 1,000 Corpses, Hills Have Eyes, etc...) ... C'est bien fait, mais déjà vu (et déjà vu dans des TRES bons films, donc c'est assez embêtant...)
2/ Le jeu des acteurs est minimaliste. Et je dis cela car je suis sympa. Dommage, car le casting a plutôt de l'envergure pour un film de genre...
3/ Le coup du nazi, non, là j'ai pas du tout adhéré. Toujours facile de mettre les nazis en bad guys, ça mange pas de pain et ne choque personne. J'irai jusqu'à dire que c'est consensuel.
D'autant plus que c'est complètement incohérent (renouveler le "sang pur" avec une jeune rebeu, il est gâteux, le papy nazillard).. Que cela "justifie" les actes, et qu'ils auraient été d'autant plus forts s'ils ne l'avaient pas été. Et que, ajouté au corollaire (complètement inexploité) de Second Tour de l'Election Présidentielle, il distille une sorte de message. Mais sans vraiment le faire. Et à un moment, faut un parti-pris: soit je fais un film gore à message(s), soit je laisse le spectateur se faire sa propre opinion. Mais là, cul entre deux chaises...
4/ A vouloir aller trop vite et en faire trop, on fait moins bien (proverbe kazakh): à force de cumuler les scènes gores, on ne laisse pas le temps au spectateur de s'installer dans ce malaise dégueulasse, si caractéristique du survival. Et la tension globale s'en ressent.
Bref, Frontière(s) est décevant car il avait le potentiel, mais il mérite tout de même largement d'être vu. Dommage(s).