Eux : tu es marrante... Elle : vous êtes ma rente... Subtilités de l'orthographe et de la protection rapprochée, très rapprochée. Vieillot comme un 78 tours usé ! Mais le ressort est cassé.
Pour les "pas forts" en langue française, frou-frou (pluriel frous-frous) signifiait entre autres et jadis un ornement de tissu pour vêtement sféminins. Le terme est tombé en obsolescence, comme les crinolines et vieilles dentelles, peu propices à la montée dans une automobile... Drôle d'idée d'avoir donné un tel pseudo à une gourgandine dans un film...A cause du disque ?
En effet, ce film me fait penser à "Porque te vas" : comme pour ici, la chanson "Frou-frou" avait lancé le film (plutôt raté).. que l'inverse...
Ce fut du reste le dernier film réalisé et scénarisé par l'italien Augusto Geninas -(1892-1957) qui a vieilli, très mal vieilli, comme la chanson devenue aussi insupportable qu'une scie ... Elle fit pourtant les beaux jours de la TSF, (comme on appelait encore la radio) des hit-parades et radio-crochets de l'époque...
Geninas tournait essentiellement en Italie et pour elle, mais avec des incursions françaises.. Un ancien "pape" du muet : il a réalisé une kyrielle de films avant de se reconvertir au "parlant" avec vingt et une réalisations quand même..
Toute la nostalgie du passé transpire au travers de ce film qui dépeint les mœurs des gens de la "haute" alléchés par les jeunes filles du genre oies blanches, "montées" à Paris pour connaître le luxe et la gloire, mais dont beaucoup seront condamnées à faire le tapin en montant certes, mais d'une autre manière.
Le côté vieillot de cette ultime réalisation transpire aussi d'un casting dont peu se souviennent des comédiens, sinon les amateurs de vieux vieux films... Sauf peut-être Gino Cervi qui a quand même été le rival de Don Camillo joué par Fernadel.... Et du scénario tout aussi dépassé issu du roman de Cecil Saint Laurent chez Gallimard...
Cette aventure de "has-been" a le mérite de bénéficier de mises en scènes et décors très léchés, de scènes un oeu osées comme les spectacles un peu dénudés des "Folies Bergères" ou autres du même genre avec danseuses au seins nus.
On vit ce faste comme si on était au milieu du spectacle où le nombre de figurants est tel qu'il est très difficile d'avoir l’œil sur chacun d'eux. Ici, on frise la perfection car tout ce petit monde semble vivre ce qu'il joue : la vie artificielle semble bien réelle...
Le Cinémascope innovait : nouvelle tendance du cinéma mais qui ne pardonnait pas à l'image : comme ces fleurs déjà agonisantes dans leur vase : brûlées trop vite par les sunlights ?
Ce film a le mérite d'exister, et de témoigner d'une époque révolue... Un souvenir du patrimoine et de cette vie de la "Haute" et de l'immédiate après-seconde guerre mondiale...
Les parents de Genina le destinaient à une carrière d'officier de marine : préférant le cinéma, il fut épargné de la première guerre mondiale à cause d'une blessure au tendon datant de l'adolescence,
Ce film rencontra un succès d'estime : à l'époque le cinéma se portait comme un charme et la barre du box-office était encore fixée à deux millions d'entrées... Quarante six-films la franchirent en 1955 dont l'indémodable, adorable et romantique "Belle et le clochard" culminant à un peu plus de onze millions de spectateurs. Disney faisait recette...
Ce chant du cygne de Genina (il devait mourir deux ans après d'une pneumonie) avait enregistré pour sa part 2 300 666 spectateurs... Pas mal pour un film sans grande ambition, hésitant entre music-hall et études de mœurs et plus trop "dans le coup"...
TV5 Monde le 29.01.2024-12.02.2024-