Fulci for Fake
6.7
Fulci for Fake

Documentaire de Simone Scafidi (2019)

Alors qu'il doit jouer dans un biopic imaginaire sur le réalisateur italien Lucio Fulci, Nicola Nocella va à la rencontre de ses proches et d'assistants afin de connaitre davantage celui qui était surnommé le maitre du gore.

Contrairement à ce que mon résumé peut sous-entendre, il s'agit d'un documentaire sur Lucio Fulci avec ce départ assez original où Nicola Nocella va faire un test de maquillage et a la tête du réalisateur, jusqu'au moment où il l'arrache, enlève ses prothèses, sa fausse barbe, et va mener une enquête.

Pour ce faire, plusieurs personnes sont interviewées ; des assistants, un acteur, Michele Soavi (qui a à la fois joué et travaillé derrière la caméra), son compositeur attitré et ses deux filles, dont Camilla qui se tape la part du lion. Cette dernière a suivi une grande partie de l’œuvre de son père, et a travaillé avec lui jusqu'à avoir quasiment réalisé en sous-main Murderock, mais j'y reviendrais.

Bien qu'il ait disparu en 1996 à l'âge de 68 ans, Lucio Fulci a travaillé pendant plus de 40 ans dans le cinéma, démarrant avec des films musicaux, des comédies des westerns, tout ce qui était alimentaire et qui au fond ne lui correspondait pas. Il aura fallu attendre 1971 et Le venin de la peur pour que sa carrière prenne un autre virage, plus proche de ses aspirations, et bénéficie d'une sorte d'âge d'or qui va durer une bonne dizaine d'années. On peut citer La longue nuit de l'exorcisme (mon film préféré de Fulci), L'enfer des zombies, L'au-delà, parmi ceux qui ont contribué au rayonnement du réalisateur, malheureusement surtout après sa mort, si on en juge sa réputation depuis.

Je peux regretter que toute la première partie de sa carrière soit si vite balayée, pour se concentrer davantage sur l'horreur, car il y a déjà vingt ans de carrière éclipsées en quelques minutes, si ce n'est le tournage assez pénible de Croc-Blanc, immense succès, mais dont Fulci refusa de faire la suite car il n'en pouvait plus de faire jouer un chien devant la caméra.

Les intervenants parlent de Fulci comme une personne très réservées, qui avait des moments de colère surtout pour se protéger, sa relation difficile avec les femmes, et en particulier avec sa fille ainée, Antonella, à qui il lui refusa une partie de son amour parce qu'elle n'était pas un garçon. Et le réalisateur éprouva de terribles remords de ne pas avoir eu de fils...

Quant à sa cadette, Camilla, c'est de loin la personne la plus intéressante, et son témoignage est d'autant plus précieux qu'elle nous a quittés peu de temps avant la sortie du film, qui lui est dédié. Affaiblie par de graves blessures, dont une chute de cheval qui lui a brisé la colonne vertébrale, la laissant dans un fauteuil roulant, elle se montre très précise sur ce père qu'elle aimait follement, qui ne lui montrait que très rarement des signes d'affection, et qui a laissé tomber ses études pour travailler dans le cinéma et être ainsi proche de lui. Elle se montre parfois drôle, mais également touchante quand elle évoque la crise cardiaque qui a frappé son père en 1984, et nécessitant une opération à coeur ouvert qui va le signe du déclin de sa carrière, car tout ce qu'il fera par la suite sera beaucoup moins bien, avec des budgets minuscules. Jusqu'à ce que ce son ami et rival Dario Argento lui propose un nouveau film, Le masque de cire, mais dont un ultime infarctus le terrassera en 1996.

Même si on peut regretter qu'il y ait si peu d'extraits de films, seulement quelques moments volés durant les tournages, et qu'on se concentre quasi-uniquement sur sa période horrifique, Lucio Fulci est un réalisateur qui a compté dans le genre, et dont le culte qu'il bénéficie aujourd'hui est là pour le prouver.

Boubakar
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le 2 oct. 2022

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