Plus qu'un film d'action, une critique sur la misère sociale


C'était magnifique. Ta famille ne risque plus rien maintenant. Il est temps de rentrer.




Il n'a pas le choix, il doit se battre



Full Contact réalisé par Sheldon Lettich, est un film d'action d'art martiaux allant au delà de la formule usuelle du genre. Sur un scénario de Sheldon Lettich et Jean-Claude Van Damme, Full Contact présente une critique sociale accès sur la misère. Une analyse réprobatrice des faits sociaux englobant l'élévation d'une société qui n'a que faire de sa population pauvre. Un contraste qui fait mal entre la société bourgeoise et la société miséreuse qui est totalement invisible aux yeux des plus riches. Une ignorance consternante réduisant cette population à l'échelle de mécréants méprisées, dédaignées et désintéressées, qu'ils soient à quelques mètres d'eux, adultes ou enfants. Une opulence allant au-delà de l'excès face à la vie de trottoir où se nourrir relève déjà d'une épreuve difficile. Un sujet douloureux que Full Contact explore à travers une histoire intelligente, qui à aucun moment opte pour la facilité scénaristique.


Dès l'introduction on comprend que ça va pas être tout rose, puisqu'on suit "Lyon Gaultier" (Jean-Claude Van Damme), contraint de déserter la légion étrangère en Afrique du Nord, lorsqu'il apprend que son frère François, un petit trafiquant de drogue, est brûlé vif par une bande de malfaiteurs. À ce moment-là, on pense à une histoire de vengeance tout ce qu'il y a de plus classique, où Van Damme va défoncer les responsables et venger son frère. Et bien... pas du tout ! Arrivé à l'hôpital où son frère est décédé, Lyon veut connaître les responsables de ce massacre mais doit faire face à une terrible réalité devant l'annonce du médecin :
« Les gars qui l'ont arrosé d'essence, pourraient être des dealers d'une bande rivale, ou bien alors des clients auxquels il aurait vendus de la drogue de mauvaise qualité, ou encore des gosses qui auraient fait une triste farce. Difficile de savoir. Dans son état, il lui était impossible de parler à la police. Si j'étais à votre place, je m'occuperais plutôt de sa femme et de sa fille. Il leur a laissé une énorme facture de soins médicaux et pas grand-chose pour les payer. »
Terrible réalité à laquelle se confronte le personnage principal qui impuissant ne pourra pas venger son frère, qui est simplement victime de la dureté de ce monde miséreux où finalement tout le monde s'en fout.


Un scénario intelligent qui va continuer dans ce sens lorsque Lyon va rencontrer sa belle-sœur Hélène Gaultier (Lisa Pelikan), qui lui en veut de ne pas avoir été là. Hélène qui avec sa jeune fille Nicole (Ashley Johnson) vie des moments difficiles avec des factures qui s'entassent, un loyer impayé et le risque de se retrouver d'un moment à l'autre à la rue. Pourtant, malgré la volonté de Lyon de les aider, elle refuse, et préfère s'en sortir par elle-même avec des petits boulots sous-payés. C'est alors que Lyon va faire ce pourquoi il est le meilleur « se battre », dans des combats illégaux qui vont le propulser dans des arènes de grands spectacles pour les riches. À cet instant, on pourrait penser que l'on suit le parcours d'un homme qui va s'élever au rang des plus puissant par la force de ses points, et bien là aussi "il n'en est rien du tout". Lyon déteste ce monde qui ne voit en lui que l'attraction du moment. Il comprend très rapidement que quoi qu'il fasse, il suffit qu'il perde un simple combat pour qu'il soit abandonné et oublié de tous. Ce que ne cesse de lui rappeler celui qui va devenir son manager mais aussi son meilleur ami, "Joshua" (Harrison Page). La lutte d'un homme qui pour sauver sa famille de la rue, doit passer par l'illégalité des combats, car le chemin honnête ne lui permet pas cette réussite. Un terrible constat faisant de Full Contact un récit d'une richesse critique indéniable et curieusement oubliée du public, qui le qualifie un peu trop facilement de caricatural.



Pas de règles ici, tu fonces c'est tout.



La réalisation de Sheldon Lettich est étonnamment bonne, s'appuyant sur une direction artistique qui sans en faire des tonnes vise juste. Le travail de caméra est efficace offrant des angles de vue bien sympa aux combats qui se jouent. Sur un rythme extrêmement rapide l'action avance bon train sans y perdre en dramatique. Un mélange idéal pour le spectateur qui de bout en bout se sent concerné. Les décors de Gregory Pickrell, sont parfaitement adaptés offrant un parallèle pertinent entre le luxe et la pauvreté, que la photographie de Robert C. New, capte avec sincérité et rudesse. Les différentes arènes de combat sont appréciables entre : un garage souterrain avec des voitures aux phares allumés formant un cercle lumineux au milieu duquel se joue un terrible combat ; un terrain de racquetball qui se transforme en ring pour catcheurs ; une piscine à moitié vide ; ou encore un chapiteau pour la bourgeoisie dans lequel se déroule le combat final. À quoi s'ajoutent des costumes parfaitement adaptés que l'on doit à Joseph A. Porro. La composition musicale de John Scott, Ken Tamplin et Stephen Edwards, est magnifique. Une belle partition offrant un apport dramatique conséquent.


Seul défaut technique, le montage de Mark Conte, qui durant le combat final insiste un peu trop sur la réutilisation accélérée de puissants coups, pour appuyer la fureur d'un moment, qui aurait simplement gagné à rester fluide. La chorégraphie des combats colle bien avec le contenu exploré avec des duels qui conjuguent les techniques martiales avec le combat de rue. Une perception brutale entraînante, où Van Damme frappe dur et fort. JCVD qui après "Bloodsport", nous gratifie une fois encore d'un puissant coup de poing dans les testicules sur un pauvre bougre qui a du bien le sentir passer. Le combat entre Van Damme et l'Ecossais envoie du lourd, tout comme celui dans la piscine contre Paco Christian Prieto qui permet une confrontation semi-aquatique, ou encore contre Magic Schwarz que l'on a déjà pu voir dans "Over The Top". En matière de tension, le combat final contre Atilla (Abdel Qissi) tient ses promesses à travers un affrontement dramatique très brutal pour une envolée lyrique haletante, où on exulte avec le public lorsque Van Damme se relève tout en frappant son adversaire d'un coup de pied sauté foudroyant. S'ensuit une séquence finale bouleversante avec Lyon qui se fait embarquer par la Légion étrangère. Une séquence absolument magnifique que l'on pourrait qualifier d'un peu facile et ringard car tire larme au possible, mais on s'en fout et on prend, car ça reste un beau moment.


Jean-Claude Van Damme en tant que Lyon Gaultier, est incroyable. Le comédien propose l'une de ses meilleures performances. En tant que clandestin déserteur pauvre et en deuil (décidément pas de bol jusqu'au bout), il incarne un personnage qui a du cœur, de son surnom de combattant : « Cœur de lion ». L'alchimie entre Jean-Claude Van Damme et le comédien Harrison Page pour "Joshua" est formidable. Une belle relation offrant une superbe tranche dramatique. En tant que Joshua, l'acteur livre un superbe personnage de la rue que j'adore. Il s'impose à plusieurs reprises à travers des belles séquences émotionnelles. Deborah Rennard pour Cynthia, est étonnamment convaincante sous les traits d'une véritable vipère. Une femme de pouvoir qui n'a pas peur de s'emparer de ce qu'elle convoite. Elle allie la grâce à la force, une guerrière délicate et impitoyable. Lisa Pelikan pour Hélène, fait preuve d'une crédibilité étonnante en tant que jeune femme sensible mais courageuse. Elle doit surpasser le traumatisme de la mort de son mari et la misère qui s'annonce. Ashley Johnson pour Nicole, est mignonne tout plein. Abdel Qissi pour Atilla, est imposant, menaçant et impressionnant. Le reste de la distribution fait du bon travail, Brian Thompson avec sa gueule cassée est amusant. Michel Qissi est également de la partie en tant que Moustafa. Un second rôle intéressant qu'il partage avec Vojislav Govedarica, que l'on a déjà pu voir dans Rambo 2.



CONCLUSION :



Full Contact réalisé par Sheldon Lettich, est un brillant film d'arts martiaux qui livre en premier plan une critique sur la misère sociale. Un film chargé en émotion avec des performances étonnamment excellentes, pour un résultat qui détonne à bien des niveaux.


Jean-Claude Van Damme au top du top !



Applaudissez Cœur de lion, le roi de la jungle !


Créée

le 26 janv. 2023

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