Purgatory.
Sept ans après avoir terrorisé le monde entier avec son adaptation du best-seller de Stephen King, The Shining, Stanley Kubrick s'attèle à un autre genre, celui du film de guerre, qu'il avait déjà...
Par
le 5 janv. 2017
62 j'aime
7
Critique faisant partie de mon marathon Stanley Kubrick : http://www.senscritique.com/liste/Le_marathon_Kubrick/1227577
Le sujet de la guerre est centrale dans l'oeuvre kubrickienne. Déjà étudié dans Fear and Desire, dans Dr.StrangeLove sous l'oeil de la satire et enfin dans l'émouvant et anti-militariste Paths of glory.
Nous sommes en 87, les Viet-nam movies font recette dans le monde du cinéma : Platoon, Apocalypse Now, Deer Hunter ou encore Good Morning Vietnam.. Ces films décrivent la guerre du Viêt-nam, Full Metal Jacket, lui, décrit tout simplement la guerre en elle-même.
S'adaptant du roman (comme toujours avec Kubrick) Le merdier, le film va se scinder en deux parties bien distinctes. La première où les jeunes marines vont se préparer ardemment au Viêt-nam dans la base de Parris Island et la deuxième où l'on suivra le personnage reporter de Joker durant la guerre du Viêt-nam pendant, notamment, l'offensive du Têt.
L'enrôlement des marines avec le sergent Hartman, crachant aux jeunes recrues toute sa verve haineuse et sa propagande pro-USA et anti "coco" transforme au fur et à mesure les jeunes soldats américains. La figure autoritaire du sergent fait ressentir au spectateur le sentiment d'humiliation et d'impuissance que chacun a pu ressentir au moins une fois dans sa vie. On pourrait interpréter cette partie comme un endoctrinement semblable à l'endoctrinement des extrémistes religieux. Endoctrinement qui poussera Lawrence, "Gomer Pyle", après avoir été humilié par les autres soldats du camp durant une nuit, à devenir un vrai soldat et cultiver une sorte de haine intérieure. Haine qui ressortira jusqu'à la scène finale de la première partie, magnifiquement joué par Vincent d'Onofrio où il tuera l'autorité morale du Sergent Hartman qui le jugeait constamment, et se tuera par la suite aussi. Suicide surement dû à cette mauvaise conscience injecté par Hartman, à jamais ancrée dans l'esprit de Gomer Pyle dont il ne peut se débarrasser si ce n'est par le suicide.
La deuxième partie se déroule dans le Viet-nâm, avec le personnage de l'engagé guignol (joker dans le VF) devenu un reporter pour l'armée américaine. Joker va se retrouver là-bas au coeur du nihilisme. Le personnage joué par Matthew Modine devient alors le témoin de l'horreur humaine déclinée sous toutes ses formes. Personnage complexe, le marine reporter porte sur son fameux casque le fameux BORN TO KILL accompagné du symbole hippie de l'époque Peace and Love. L'initiation viet-nâmienne est une errance, celle d'un jeune homme qui ne s'est pas encore accompli. Accomplissement qui se réalisera lorsque Joker tuera la jeune sniper viet-nâmienne dans une scène effroyablement sublime. Joker qui était "né pour tuer" accomplit sa destinée qu'il avait préparé à Parris Island mais tue aussi la jeune fille pour ne pas qu'elle continue à souffrir comme le voulait un de ses camardes. En tuant la sniper, paradoxalement, il agit de manière humaine (le badge peace and love prend tout son sens) et s'affirme donc. Le meurtre de la sniper répond à celui du soldat dans le camp des Marines. Le speech final de Joker, fait écho, lui aussi, aux derniers mots de Pyle : "Je suis dans un monde de merde". Le soldat "n'a plus peur", la boucle est bouclé.
A contrario de prendre un point de vue manichéen comme dans beaucoup de films de guerre ou encore de démontrer l'absurdité de la guerre en elle-même comme dans Paths of glory, Kubrick va s'attacher à montrer la dualité de l'homme provoqué par ce conflit militaire et prendre le Viêt-nam comme exemple universelle du nihilisme humain.
Bien loin d'être un simple film sur la guerre, le film est un essai philosophique sur le nihilisme de notre société contemporaine et l'incapacité de l'homme à sortir de ce désert et ainsi que de l'éternel retour, pour reprendre Nietzsche, de la destruction humaine.
Mes pensées dérivent vers des seins durs, des rêves érotiques vers Marie Jeanne de la chatte nase et la grande foutrerie du retour. Je suis si heureux d'être vivant. Entier, et presque au bout. Je vis dans un monde merdique, ça oui. Mais je suis vivant. Et je n'ai pas peur.
Full Metal Jacket, Engagé Guignol.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Le marathon Kubrick
Créée
le 1 mars 2016
Critique lue 806 fois
D'autres avis sur Full Metal Jacket
Sept ans après avoir terrorisé le monde entier avec son adaptation du best-seller de Stephen King, The Shining, Stanley Kubrick s'attèle à un autre genre, celui du film de guerre, qu'il avait déjà...
Par
le 5 janv. 2017
62 j'aime
7
Loin de moi l'idée de faire une critique digne des Cahiers Du Cinéma parce que c'est du Kubrick. D'abord j'en suis incapable (malgré des heures d'entrainement j'arrive toujours pas à péter plus haut...
le 24 juin 2011
57 j'aime
18
Je ne peux pas écrire de critique sans citer le génialissime Sergent Hartman qui ferait pâlir de jalousie le Docteur Cox (Scrubs). Avec des répliques et des chansons inoubliables accompagnées d'un...
Par
le 18 avr. 2011
54 j'aime
12
Du même critique
Dans la lignée de l'Envers et l'Endroit, Albert Camus signe ici son deuxième essai publié en 1938. Entre l'essai et la nouvelle parfois, l'auteur algérien narre ses différentes visites dans...
Par
le 8 mars 2016
12 j'aime
5
7 nouvelles, toutes différentes mais toutes similaires à la fois, voilà ce paradoxe qui rend si attrayant et excitant le livre Risibles Amours quand on le lit. Durant tout le livre, Kundera excelle...
Par
le 12 sept. 2015
11 j'aime
Rédigé en 1935 et 1936 L'envers et l'endroit est la première véritable oeuvre d'Albert Camus, âgé seulement de 24 ans. Dans sa préface, publié elle en 1958, deux ans avant sa mort, l'algérien de...
Par
le 12 janv. 2016
9 j'aime