Chercher à écrire sur ce film, à l'analyser, est pour le moins ambitieux, ce que l'on y voit est déconcertant, difficile à saisir et étrangement familier.
Je savais très bien en lisant le synopsis, en regardant la bande annonce que ce film serait violent, qu'il repousserait les limites de l'immoralité, j'étais pourtant poussée par une curiosité quelque peu malsaine à le voir tout de même. Autant dire que les scènes de clin d’œil et d'adresse au public m'ont mise très mal à l'aise, de loin l'aspect le plus intéressant du film selon moi; le quatrième mur est brisé et avec lui la tranquillité de l'esprit permise par notre position de spectateur. Nous sommes responsables et impliqués dans tout ce que nous voyons, toute cette violence est là pour nous divertir, satisfaire notre soif sanguinaire. Les deux tortionnaires ne sont finalement que l'incarnation du désir du spectateur, à son service, l'un a le contrôle total de l'évolution des événements, c'est celui qui détient les pleins pouvoirs, l'autre est le pantin articulé du premier, il semble dépourvu d'une volonté propre, dans l'incapacité à maîtriser ses actions, il prétend même souffrir autant que la famille bouc-émissaire.
Il nous questionne de temps à autres; vous êtes de leur côté n'est ce pas ? est ce que vous en avez eu assez ? A la manière des RPG (role playing game) nous sommes incités à faire nos paris, à prendre partis et d'une certaine manière à consentir à ce que nous voyons, la fin est inéluctable, il ne tient qu'à nous d'éteindre notre poste et de refuser d'en voir plus.
Si l'on cherche au début à rationaliser le film, on comprend vers la fin - notamment avec la scène où Paul revient dans le temps pour éviter la mort de son collègue à l'aide d'une télécommande - que ce film est un cauchemar où tout devient possible, accusateur et révélateur, mettant à jour les aspects les plus sombres de notre humanité.
Ainsi le malaise provoquée par l'inconstance des deux tortionnaires; oscillant entre mépris pour la vie d'autrui et inquiétude soudaine pour l'état des captifs, me ferait pencher pour une volonté de dénonciation de l'hypocrisie de nos conventions sociales, seul notre intérêt compte et au diable les autres, nous sommes prêts à sacrifier des vies pour obtenir quelques satisfactions personnelles.