SANS SPOILERS
Dancer in the dark est l'histoire d'une pauvre petite ouvrière tchécoslovaque perdant chaque jour un peu plus la vue à cause d'une maladie héréditaire, se démenant comme un diable, travaillant jusqu'à l'épuisement pour payer l'opération de son fils, atteint de la même déficience visuelle.
Selma pourrait être un personnage des Misérables de Victor Hugo, elle a d'ailleurs comme des airs de Fantine; pauvre créature jouet du sort se retrouvant confrontée à la misère humaine.
Cependant si tous les ingrédients sont réunis pour faire un bon mélodrame, notre héroïne - qui en est réellement une - vit à moitié dans sa propre comédie musicale. Un simple claquement de talon sur le sol, le bruit métallique des machines de l'usine qui travaillent en rythme, entraînent une formidable envolée musicale dans l'esprit rêveur de notre héroïne. L'actrice Björk est remarquable, transcendant complètement le film par sa voix si exceptionnelle qui continue de me bercer depuis.
Le film est donc une alternance permanente entre scènes ultra violentes et intenses, et scènes toutes gaies et entraînantes.
Ses chansons improvisées aux paroles souvent enfantines, sont des respirations dans ce film qui n'épargnent pas son personnage principal et son spectateur. Devant toute cette cruauté, je me suis sentie voyeur impuissant, certaines scènes sont insoutenables, particulièrement la dernière.
Je pense que Lars von Trier cherche finalement à montrer qu'il est impossible de conserver son intégrité, de préserver son innocence et sa pureté si l'on veut survivre dans cette société capitaliste. Selma est la victime idéale, pétrie de bonnes intentions et de valeurs, elle finit par se faire dévorer par les autres.
Dancer in the dark tient plus de la tragédie que de la comédie musicale, mais on ne peut quitter le film sans emporter avec soi toute la douceur et la joie qui résident dans les scènes de rêveries, d'amitié, entre Catherine Deneuve et Selma, ou encore d'amour sincère. C'est un film bouleversant par son message politique et émotionnel.