Ce film me laisse perplexe.
Je reste entre admiration de la réalisation d'Haneke, sobre, glaciale et terriblement efficace qui pousse la tension à l'extrême avec trois fois rien, et d'un autre côté, l'angoisse provoquée par cette tension extrême, justement.
C'est un huis-clos dont les victimes comme les spectateurs cherchent à s'extraire par tous les moyens, sans y parvenir. Parvenant à créer et entretenir chez son public un sentiment de fascination mêlée d'angoisse, Haneke passe consciencieusement ses personnages et ses spectateurs à la moulinette psychologique, les bats patiemment en omelette.
Plus j'y pense et plus je me dis que ce film est avant tout une expérience sur la violence au cinéma, sur le voyeurisme et dont nous, spectateurs, sommes finalement les vrais cobayes. Et j'ai le sentiment que de nombreuses "victimes" de cette expérience cinématographique en viennent à se venger en devenant elles-aussi des "bourreaux". J'en veux pour preuve le plaisir un chouia sadique que l'on peut ressentir en disant "Quoi, tu ne l'as pas vu ? Ah, il faut absolument réparer ça..." L'homme est un rat de laboratoire pour l'homme.
Màj 17/06/2012 : Pourquoi avoir mis 6/10 à une expérience aussi aboutie ? Déjà parce que pour moi 6 (voire même 5) n'est pas une si mauvaise note que cela. C'est d'avantage l'expression d'un sentiment mitigé. Et si l'objectif d'Haneke est parfaitement atteint, on ne peut pas dire que j'ai pour autant passé un "bon moment". Dans ces circontances je n'ai pas envie de me faire violence à accorder plus de points à ce film.