Les spoilers seront balisés.
C'est en lisant un article sur les remakes que je suis tombée sur ce film. J'aurais pût ne jamais le regarder s'il n'y avait pas eu Tim Roth au casting. Mon côté "Tarantino" m'a bien poussé à me procurer le film, et à le voit à minuit le soir-même.
Et bon dieu, quel film.
Alors soyons bien clairs, je n'aime pas les longueurs au cinéma. C'est vraiment quelque chose qui me fait vite sortir d'un film en seulement quelques secondes de trop. Donc au début, j'avais vraiment du mal à rester dans le film. Surtout que je ne voyais vraiment pas où le film voulait m'emmener. Me montrer le petit quotidien tranquille et banal d'une famille américaine, j'ai vu ça dans pleins de films. Mais tout part en vrille lorsque débarque le premier gars au gants blancs.
A partir de là, c'est juste un enchaînement de violence. Mais toujours justifié, et c'est là qu'est la force du long-métrage!
La première action de violence pure en est le meilleur exemple selon moi: les deux psychopathes aux gants blancs provoquent Georges (le père) qui en gifle un. Qui, pour "se défendre" lui casse un genou. Puis se noie sous les excuses ensuite, expliquant que quand même, c'était exagéré de l'avoir giflé juste pour des mots. Non?
Toute la force du film repose vraiment sur ce constat-là : la violence est toujours justifiée. Si les deux psychopathes les frappes, bah c'est tout simplement parce que les trois protagonistes ont fait quelque chose qui ne fallait pas (tricher à un jeu, tenter de s'enfuir...toutes les raisons sont bonnes). Plus le film avance, plus la violence va crescendo. Et c'est dur de le regarder. Surtout qu'elle n'est pas toujours montrée, elle est même souvent hors champs. Il n'y a que les cris pour nous faire comprendre que, bah il y a quelque chose qui se passe mal. Et je pense que c'est aussi une des grandes forces du films: le sang n'est montré qu'à de très rare moments, mais le film n'en a absolument pas besoin pour faire mal au spectateur. Suffit que les protagonistes hurlent assez forts.
Je crois que le moment où le petit garçon se fait descendre est un très bon exemple. On ne voit pas le coup de fusil. On ne voit pas le corps, ou encore moins la tête de Georges (enfant). Non, nous, on est dans la cuisine avec un psychopathe qui cherche à manger. Mais on a quand même envie de crier. Parce que c'est atroce, parce qu'on entends les pleurs de Georges (papa). Et au final, tout ce que l'on voit c'est un mur et une télé couverts de sang. Et le visage complètement défait de Ann (la maman). Un très grand moment, fort, et violent. Alors qu'on est dans la cuisine.
Je ne vais pas faire un listing de touts les grands moments de ce film. Il y en plein. Beaucoup sont pleins d'une violence sous-entendues et quelques-uns la montre tout simplement. Quoi qu'il en soit, la morale du film laisse un sale goût. Je ne dirais rien dessus dans la partie "non-spoil", mais sachez qu'elle vaut vraiment le détour.
Le passage où Ann est supposée réciter la prière à l'envers, elle s'empare du fusil et tire sur un des psychopathe qui meurt. J'étais heureuse. Puis là, le film décide de faire l'équivalent d'un gros doigt d'honneur et il se passe quelque chose d'atroce pour le coup : un des psychopathe cherche la télécommande de la TV et remonte le temps juste au moment où Ann s'apprête à prendre le fusil. Et il l'en empêche, pouvant ainsi continuer son jeu macabre. J'ai eu envie de crier qu'il n'avait pas le droit de faire ça. Puis après je me suis souvenue que c'était ce même psychopathe qui depuis le début brisait le quatrième mur pour venir nous demander quelques petits trucs. J'avais vraiment les nerfs.
On fait une petite ellipse pour venir à la mort d'Ann. Elle est sur le bateau, et les deux psychopathes parlent des univers parallèles. Ceux qui ont vu le film doivent très bien comprendre de quoi il en retourne. Pour expliquer simplement ce qu'ils se disent, c'est que l'univers parallèle, c'est celui du film, et que le spectateur le sait car il est impossible d'utiliser une télécommande de TV pour remonter le temps. Ce à quoi réponds le deuxième psychopathe réponds que ce n'est totalement vrai. Je vous met le dialogue, il vaut le détour:
"-Et il est où lui alors? Dans la réalité ou dans la fiction?
-Sa famille est dans la réalité, et lui, dans la fiction.
-Mais la fiction est une réalité non?
-Comment ça?
-On la voit dans le film non?
-Oui bien sûr.
-Bah alors, elle a autant de réalité que la réalité."
Bim, critique du système de violence. Bim, critique de l'Amérique. Bim, le spectateur tombe sur les fesses.
Ce film doit être vu. Il rentre plus ou moins dans la même catégorie que Orange Mécanique, bien qu'ils aient des enjeux légèrement différents. Mais Funny Games US est une véritable critique de l'Amérique et de son rapport quasi psychotique à la violence.