À la suite de mon re-visionnage du film il y'a quelques jours je me suis décidé à faire une top-list de la filmographie de Judd A.sur Senscritique ainsi qu'une petite critique sur ce film qui m'avait tant marqué a l'époque :
Pour résumer rapidement : "Funny People raconte l'histoire de Georges Simmons, une star du stand-up Américain et acteur de petits films (un peu ratés) incarné par Adam Sandler . Tout lui souris, ou presque... Il a l'argent, la célébrité, un métier stable mais il mène une vie sentimentale solitaire... Jusqu'au jour où il apprend qu'il est atteint d'une leucémie en phase terminale et qu'il ne lui reste que très peu de temps a vivre. Il fait alors la rencontre d'un jeune comédien (Seth Rogen) qui débute dans le stand-up . Simmons lui propose de bosser pour lui, d'écrire ses sketchs et de cohabiter avec lui dans son immense maison en l'échange d'un salaire conséquent . Bien sûr l'on comprend vite que ce dont à besoin Simmons n'est pas tant d'un auteur pour écrire ses spectacles que d'une personne à ses côtés afin de l'accompagner et l'aider à surmonter le long chemin tortueux qui l'attend...."
Il s'agit selon moi de la comédie la plus radicale et la plus profonde de toute la carrière d'Apatow, sur ce point il n'y a pas de doute : c'est LE film de la maturité . Il livre ici une autopsie noire et désenchantée des névroses de l'âme humaine, questionne avec une lucidité rare nos désillusions, notre rapport au deuil, à la mort, avec comme épicentre thématique : le besoin consubstantiel de l'Autre comme ultime rempart face aux moments les plus difficiles de notre existence...Qu'est ce que la compagnie d'un proche d'un ami ou même d'un total inconnu (comme c'est le cas ici) peut-elle nous apporter au delà du simple réconfort ??.. Voici l'une des multiples pistes de reflexions que le film aborde.
Funny People est la comédie d'Apatow la moins fun à regarder , contrairement à 40 ans toujours puceau par ex, mais la plus positivement dramatique, son titre représentant d'ailleurs à lui seul (non sans une certaine ironie) toute la profession de foi du film, le rire n'étant ici qu'un faux semblant, un masque derrière lequel l'on cache nos peurs existentielles. Malgré tout , et c'est ce qui participe aussi à donner à cette oeuvre sa grande force , elle se conclue sur une note à la fois douce-amère, mais emplie d'espoir.
Si Apatow convoque ici très clairement le cinéma de Woody Allen, qui est la source principale dans laquelle il est aller puiser son inspiration, Funny People fait aussi écho à celui des frères Coen et plus particulièrement à "A Serious man", véritable chef d'oeuvre, plus noir encore, mais qui se différencie par une réflexion plus symbolique et allégorique de la condition humaine, là où Funny people (dans un cadre et sur des thèmes très similaires) possède un traitement scénaristique et une approche visuelle bien plus naturalistes et réalistes.
Cela étant dit, Funny People souffre tout de même d'un petit defaut. Le récit aurait gagné a être épuré notamment en raccourcissant le temps de certaines sequences qui dilatent, languissent et du coup fragilisent par moment le rythme du film. Il dure 2h30 car il est extrêmement riche, et c'est tout à son honneur, mais avec quelques scènes plus courtes et un montage plus soutenu le film aurait gagné davantage en impact, là où 40ans toujours puceau (pour reprendre ex de mon Apatow favoris) est en terme de montage et de narration d'une fluidité quasi parfaite tout en proposant une variété de thématiques au sein d'un récit presque aussi dense.
Dommage car sans cette problématique là (et avec une esthétique un poil plus inspirée aussi) Funny people aurait pu être un quasi sans faute et ce serait issé en tête de podium de mon "Top-films Apatow" avec une note encore meilleure .
Un petit bijou donc, qui brille avant tout par la finesse et la profondeur de son écriture.
8/10