Judd Apatow ne s'intéresse plus aux Freaks & Geeks
Bien que couillu, le choix d'imposer comme personnage principal d'une comédie américaine un type imbu de lui-même qui, même confronté à sa mort imminente, et par extension aux regrets, n'évoluera pas de tout le métrage, n'était pas forcément un choix des plus judicieux. Adam Sandler l'interprète impeccablement.
On a le droit, comme dans toute bonne prod apatow qui se respecte, aux fulgurances de petites phrases et autres punchlines venues de nulle part qui font mouche, et l'intérêt principal de ces films.
Alors c'est quoi, le problème?
Le problème, je pense, c'est Apatow lui-même. Durant tout le film, on sent bien qu'il porte peu / ne veut plus porter d'intérêt au "bestiaire" qu'il a si talentueusement révélé: les losers, névrosés et autres marginaux sont là mais constamment relégués au second plan. Apatow est désormais un family man et il tient à le faire savoir en faisant de la deuxième partie de son film une profession de foi tout bonnement démagogique: La famille, fils! y a rien de mieux! Si arrivé à l'âge de raison, tu n'as pas de famille, tu as raté ta vie!
Un comble quand on sait qu'il a bâti son empire apatowien (hé ouais, un adjectif) sur la célébration de l'immaturité.
Les personnages du couple joués par Eric Bana et Leslie Mann sont les plus faiblards du film. Et ça fait mal au cul, après la réussite qu'avait été le couple joué par Paul Rudd et la même Leslie Mann dans "En cloque...", probablement les meilleurs persos jamais écrits par Apatow. Personnages qui seront les héros de son prochain film, "This is 40", et qui, déjà, aux vues de la bande annonce over-mélodramatique, risquent de passer à la moulinette démago-familiale du Judd Apatow nouveau.